<382> tourné la tête. Ensuite, quand on propose aux Allemands pour modèle d'un bon historien Thomasius, je crois qu'il convient de mettre le nom de Mascov, qui est effectivement un de nos meilleurs historiens, au lieu que Thomasius n'a pas écrit en allemand, et ne s'est pas distingué dans l'histoire,a mais dans le droit et la philosophie, ayant détruit le règne des fées.

Je ne sais aussi si j'oserais proposer les vers ci-joints de Gottsched,b pour les mettre à la place de cette impertinente strophe : Scheuss, etc. On soutient que ceux-ci ne se trouvent dans aucun poëme allemand imprimé, et les vers ci-joints, qui sont de Gottsched, auteur classique parmi les Allemands, ne leur cèdent pas en ineptie et en phébus.

Ces changements ne porteraient que sur des noms et des allégations, mais sur rien d'essentiel. Je prévois d'ailleurs que les Allemands sensés et non prévenus seront enchantés de voir qu'un roi qui a porté la gloire de sa nation au plus haut degré par son règne, par l'épée et par la plume, mais qui a passé jusqu'ici pour n'avoir pas fait grand cas de la langue allemande, est pourtant celui qui en


a On trouve dans l'ouvrage de Büsching, Character Friedrichs des Zweiten, seconde édition, p. 36, une réponse du Roi au ministre d'État baron de Fürst (1770) dans laquelle il recommande la méthode de Thomasius aux professeurs d'histoire. Mais Büsching convient lui-même que Frédéric s'est trompé en vantant (ici et t. VII, p. 130) le mérite historique de ce savant. Il nous a été impossible, quelques recherches que nous ayons faites, de découvrir à Halle la moindre trace des cahiers d'histoire de Thomasius.

b

Deines hohen Geistes Feuer
Schmelzte Russlands tiefsten Schnee;
Ja das Eis ward endlich theuer
An der runden Caspersee.

Ces quatre vers font partie d'une ode de Gottsched intitulée : Bei widriger Schifffahrt über die Ostsee, auf der Höhe von Bornholm entworfen, 1729, im Juni; la pièce commence par une invocation au poëte Paul Flemming, mort en 1640. Voyez Herrn Johann Christoph Gottscheds Gedichte, ans Licht gestellet von Johann Joachim Schwabe, seconde édition, Leipzig, 1751, t. I, p. 216.