<364> sagement de nous en tenir à l'élément qui est fait pour nous. Je ne fais aucun scrupule de protester que je préfère de beaucoup le culte de la divine Antonia à celui de la divine Amphitrite; j'abandonne à ses adorateurs cette reine des mers, et me contente de la permission d'assurer la première de mon admiration et de la haute considération avec laquelle je suis, etc.

225. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 15 décembre 1779.



Sire,

Depuis quinze ans que je suis honorée des lettres de Votre Majesté, il m'a toujours paru que la dernière que je reçois était plus belle que toutes celles qui l'avaient précédée. Il n'appartient qu'à Frédéric de se surpasser dans les petites choses comme dans les grandes. Le public a toujours cru voir la plus sublime de vos actions dans la dernière qu'on lui annonçait. Il pensait en 1777 que Frédéric, vainqueur en trois guerres, législateur et père de ses peuples, ne pouvait pas s'élever plus haut. Mon frère mourut, et Frédéric, comblé de gloire et de grandeur, quand tout autre que lui n'aurait songé qu'à jouir paisiblement du fruit de ses travaux immenses, vit seul, au delà de la belle carrière qu'il avait parcourue, un but qui échappe au commun des rois. Jusqu'ici il avait surtout combattu pour les siens; il combattit pour les autres, il devint l'arbitre désintéressé des différends des souverains, l'organe de la justice suprême qui juge les nations. Elle parla par sa voix, elle trouva ce qu'elle ne trouve pas toujours sur la terre, des cœurs disposés à l'écouter; armée de toute la force