<352> l'auteur de la nature; que nous tenons tout de lui; et que par conséquent l'homme n'est qu'une marionnette mue par des mains divines. Le sentiment des Pères de l'Église est en tout conforme au mien; ils ont tous cru que l'homme ne pouvait être porté au bien que par un effet d'une grâce céleste, et qu'il ne pouvait rien arriver dans un monde que l'éternel géomètre avait formé, sans que ce qui arrivait ne fût conforme à sa volonté. De là V. A. R. doit conclure, avec l'Église catholique, apostolique et romaine, que, la providence divine ayant tout prévu, rien ne peut arriver contre ses décrets éternels; et vous voudrez bien convenir, madame, que, en ce point au moins, je suis très-orthodoxe. De quelque façon que l'on envisage cette matière, on est toujours obligé de convenir que rien ne peut arriver contre la volonté de Dieu, et par conséquent c'est lui qui dirige tout; et en conséquence de cette vérité évidente, l'homme ne devient qu'un vil instrument entre les mains d'une puissance suprême qui s'en sert, selon sa sagesse infinie, à l'accomplissement de ses desseins.

J'espère que V. A. R. recevra avec quelque indulgence l'apologie de mon opinion, appuyée du sentiment des Pères de l'Église, et du peu de notions que nous pouvons puiser dans la philosophie. Elle voudra bien que je lui réponde de même au sujet d'une princesse de Gallean qui suppose que j'ai des relations avec la cour palatine dans le moment qu'il n'en existe aucune. S'il s'agissait du prince de Deux-Ponts, je pourrais peut-être lui être de quelque utilité. Mais après tout ce qui s'est passé cette année, tout, jusqu'à la moindre correspondance, est rompu avec un prince qui s'est dégradé à jamais aux yeux de l'Allemagne et de toute l'Europe.a

Recevez, madame, avec votre bonté ordinaire les assurances de la haute considération et de tous les sentiments avec lesquels je suis, etc.


a Voyez t. VI, p. 153 et 154.