<328> madame, les plus sublimes talents demeurent stériles. V. A. R. juge très-bien que la politique européenne est infiniment plus compliquée que celle des Grecs; la machine est plus vaste, et les ressorts plus compliqués. Cependant ce n'est que depuis le siècle de Charles-Quint que les souverains ont commencé d'admettre ces liens qui unissent les nations, et ces alliances par lesquelles les partis se divisent et se contre-balancent. Depuis sont venues ces prodigieuses armées qui, à la vérité, ne conservent pas toujours la tranquillité des peuples, mais qui du moins abrégent la durée des guerres et des dévastations par les sommes immenses qu'elles coûtent, et dont la dépense absorbe les ressources des plus puissants empires. La différence des flottes nombreuses actuellement entretenues surpasse également tout que l'on trouve sur ce sujet dans l'histoire ancienne; aussi leurs vaisseaux ne seraient que des barques, comparés aux flottes anglaises ou françaises. Je ne sais s'il y aura des coups de canon de tirés dans les vastes régions de l'Océan; j'ose cependant me flatter que le règne de la discorde se bornera sur les flots d'Amphitrite, et ne se communiquera pas à notre continent. V. A. R. et son serviteur pourront se livrer tranquillement à soutenir le goût épuré de la bonne musique contre les protecteurs du charivari et les détracteurs de la mélodie. C'est du moins les vœux que je fais, ainsi que pour tout ce qui peut faire plaisir à V. A. R., laquelle je prie d'ajouter foi aux sentiments de la haute considération avec laquelle je suis, etc.