<288> aussi charmée d'avoir un directeur de conscience de son choix, assurée que je ne risque en aucune occasion de m'égarer en suivant ce que me dicte l'admiration parfaite et la haute estime avec laquelle je suis, etc.

174. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Le 7 novembre 1773.



Madame ma sœur,

Je savais, madame, depuis longtemps que personne n'est prophète dans son pays; j'avais entendu dire, de plus, que, pour gagner le don d'exalter son âme, il fallait avoir mangé du déjeuner d'Ézéchiel, ce que je n'ai point fait. Ainsi, madame, j'ai été le premier à blâmer ma téméraire prophétie, et je rends mille remercîments à V. A. R. de ce qu'elle m'a rayé du nombre des inspirés. Si je pouvais faire la paix, il y aurait longtemps qu'elle serait conclue; il faut nous contenter d'avoir éloigné une guerre générale qui semblait menacer l'Europe, et de maintenir les douceurs de la paix autant que cela sera possible. Je suis bien heureux, madame, de me rencontrer avec V. A. R., et de chérir autant la paix que vous l'aimez, madame; c'est la mère des arts, la protectrice des sciences, la source de la repopulation de notre espèce; enfin c'est sous son abri que les nations respirent et deviennent florissantes. Que de raisons pour l'aimer! Aussi ne faut-il avoir recours à la guerre que dans la nécessité, et pour ramener la paix le plus tôt possible.

Les pauvres jésuites l'ont perdue, et ceux que j'ai sauvés du naufrage seront toujours aux ordres de V. A. R. J'ose croire cependant qu'un confesseur est, madame, le meuble le plus inutile de votre