<197> ils se brouillent. Mais, madame, je sens où m'emporte un enthousiasme du bien public; cette matière me mènerait trop loin, et ne dirait à V. A. R. que ce dont elle pourrait me donner des leçons. Je me borne à vous assurer, madame, de la reconnaissance la plus étendue, de la plus haute considération, de l'admiration la plus parfaite avec laquelle, etc.

115. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 2 octobre 1769.



Sire,

La joie que m'a causée l'aimable lettre de Votre Majesté, que je viens de recevoir, et surtout l'heureuse nouvelle qu'elle contient, me laisse exactement autant de raison qu'il en faut pour vous témoigner l'excès de ma satisfaction. Je vous reverrai donc, Sire; j'admirerai de près Frédéric le Grand, et ce que depuis six ans je souhaitais avec tant de passion aura enfin lieu. Je suis si enchantée que V. M. y consente, que, au lieu de vous écrire, je serais déjà dans ma voiture, s'il n'y avait je ne sais combien de menus détails à régler quand il s'agit de faire partir une femme, surtout quand cette femme a le bonheur d'être princesse. Je risquerais trop d'être grondée par ma grande maîtresse, si je manquais à un point de formalité, et vous sentez bien, Sire, que je n'oserais en courir le hasard. Mais, quoi qu'il puisse arriver, et dussent toutes les grandes maîtresses et toutes les duègnes du monde me trouver en faute, il ne se passera pas quinze jours que vous ne me voyiez à Potsdam. Si j'étais un peu moins occupée de la satisfaction suprême qui m'attend, je parlerais à V. M. de celle que