<189> qu'une grande princesse vînt assister à la noce de la cousine germaine de sa bru?a Si vous désapprouvez cette idée peut-être trop téméraire, c'est à V. A. R. à la réprimer; toutefois suis-je bien aise que ce mariage qui va se faire mérite votre approbation. La landgrave de Hesse-Darmstadt est mon ancienne connaissance;b c'est une princesse dont je n'ai pas besoin de faire l'éloge, dont le caractère, le cœur et les sentiments lui ont acquis une estime universelle. Je ne connais point sa fille; mais je suis persuadé qu'elle a profité de l'éducation qu'une telle mère était en état de lui donner. Voilà, madame, où nous en sommes; nous l'attendons ici le 13 avec sa fille, et ce roman sera terminé bien vite. Je crois qu'il vaut mieux filer le parfait amour après qu'avant les noces, et la bénédiction que vous daignez y donner me remplit des plus heureuses espérances pour l'avenir.

A propos de bénédictions, madame, on dit que nous avons un nouveau pape que le Saint-Esprit a choisi avec le plus grand discernement. Je m'intéresse déjà pour lui; il est doux, tolérant, conciliant; et comme il dit des bons mots, il faut bien que le Saint-Esprit l'inspire. Il ne veut point se faire baiser la mule; il a raison; le crucifix ne doit point être sur sa pantoufle, mais entre ses mains; tout ce qui annonce l'arrogance et l'orgueil ne convient point à des ecclésiastiques auxquels on ne saurait assez répéter que leur divin maître a dit que son règne n'est point de ce monde, et par conséquent le leur encore moins. Je ne sais si les jésuites auront autant à se louer de ce pontife que les séculiers; peut-être trouvera-t-il quelque expédient pour conserver un rejeton de cet arbre autrefois si florissant; mais, quoi qu'il fasse, il sera toujours de cent piques au-dessus de son prédécesseur.

V. A. R. m'écrit qu'elle vit à présent en retraite, éloignée des affaires et du tourbillon du grand monde. Je ne l'en plains pas, car


a Voyez t. VI, p. 25.

b Voyez t. XX, p. 205 et 206.