<138> rien pour V. A. R.; et comme, vis-à-vis de vous, madame, il me serait bien difficile d'être orthodoxe, je ne risque rien de la sainte Église que d'être damné par elle un peu plus, un peu moins; ce qui revient au même. J'ai ici à présent ma nièce la duchesse de Würtemberg, qui se souvient avec plaisir d'avoir eu le bonheur de voir V. A. R. autrefois. Elle est bien malheureuse et bien à plaindre; son mari me donne bien de la besogne; c'est un homme violent, dont elle a tout à craindre, qui la chagrine, et ne la paye pas. Je tente tout pour le mettre à la raison. Mais je ne dois pas, madame, abuser de votre patience en vous entretenant de choses tout à fait étrangères; je redouble de vœux pour la conservation de V. A. R., en l'assurant que personne ne s'intéresse plus sincèrement à ce qui la regarde que, etc.

75. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 2 janvier 1767.



Sire,

Rien n'est si gracieux que les expressions dont Votre Majesté veut bien se servir avec moi, et je ne sais où prendre des termes bien capables de lui exprimer ma sensibilité et toute ma reconnaissance. J'ai pu faire connaître à un héros la crainte et les alarmes; j'en suis toute glorieuse. Mais, Sire, je n'abuserai point de vos bontés pour vous mettre encore à la même épreuve; la petite vérole est comme ces voleurs qui vous signent un passe-port pour n'être plus attaqué par leurs semblables. S'il en était ainsi de tous nos maux, ils porteraient la consolation avec eux. V. M. aurait tort, si elle se reprochait de m'avoir écrit une lettre badine; je n'en ai pu faire la lecture que dans