<137> même raison m'empêche de m'étendre sur une précédente lettre dans laquelle V. M. s'est égayée d'une manière à la vérité peu orthodoxe, mais très-agréable.

Je me borne à vous assurer, Sire, que, malgré la maxime de Comines,a j'ai grand regret à l'entrevue manquée. Deux grands monarques n'auraient pu se quitter qu'avec une estime réciproque, et nous autres habitants d'un petit globe situé entre deux puissants tourbillons, nous avons le plus grand intérêt à leur bonne harmonie, pour n'être pas écrasés par leur choc. Veuillez, Sire, vous souvenir toujours que, dans ma sphère étroite, je serai constamment et avec tous les sentiments de la plus haute considération, etc.

74. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Le Ier décembre 1766.



Madame ma sœur,

Aucune joie n'est plus vive que celle que j'ai ressentie en recevant la lettre de V. A. R., par laquelle elle a la bonté de m'annoncer sa convalescence. Soyez persuadée, madame, que cette nouvelle m'a fait un sensible plaisir, surtout l'apprenant par vous-même. Je vous supplie, madame, épargnez-nous des frayeurs pareilles à celles que vous nous avez causées, autant qu'il dépendra de vous; vous devez être persuadée de la haute estime que j'ai pour vous, sans que mes frayeurs et mes alarmes soient nécessaires pour vous en convaincre davantage. Je vous demande bien pardon de la lettre polissonne que je vous ai écrite; j'étais dans la plus profonde sécurité, je ne craignais


a Voyez t. II, p. XV.