<328> à Paris qu'il dise un mot en faveur du jeune homme au nouveau chancelier.

Si les anciens usages barbares prévalent contre les bonnes intentions de Marie-François Arouet de Voltaire et de son associé M. de Sans-Souci, il faudra s'en consoler, car ce n'est pas une raison pour que nous déclarions la guerre à la France. Le proverbe dit : Il faut vivre et laisser vivre. C'est ainsi que pense votre impératrice; elle se contente d'avoir humilié la Porte; elle est trop grande pour écraser ses ennemis. La Grèce deviendra ce qu'elle pourra; les anciens Grecs sont ressuscités en France. Vous tirez votre origine de la colonie de Marseille; cette nouvelle patrie des arts nous dédommage de celle qui n'existe plus.

Le destin des choses humaines est de changer : la Grèce et l'Égypte sont barbares à leur tour; mais la France, l'Angleterre, et l'Allemagne, qui commence à s'éclairer, nous dédommagent bien du Péloponnèse. Les marais de Rome ont inondé les jardins de Lucullus; peut-être que dans quelques siècles d'ici il faudra puiser les belles connaissances chez les Russes. Tout est possible, et ce qui n'est pas peut arriver ensuite.

Vous n'avez donc point fait Louis XV aux champs Élysées? Cela m'a encouragé à traiter ce sujet dans le goût de Lucien. Vous trouverez peut-être que j'abuse de mon loisir; mais cela m'amuse, et ne fait de mal à personne. Voici la pièce; peut-être en rirez-vous.a

Je fais des vœux pour que l'Être des êtres prolonge les jours de votre âme charitable; qu'il vous conserve longtemps pour la consolation des malheureux, et pour la satisfaction de l'humble philosophe de Sans-Souci. Vale.


a Cet alinéa est omis dans l'édition de Kehl : nous le tirons des Œuvres posthumes, t. IX, p. 232.