<323> auquel le Philosophe de Sans-Souci souhaite une longue vie, gaîté et contentement. Vale.

492. DE VOLTAIRE.

(Ferney) 16 août 1774.

Sire, j'ai enfin proposé au chancelier de France de faire pour votre officier ce qu'il pourrait; je lui ai mandé que V. M. daignait s'intéresser à ce jeune homme, qui mérite en effet votre protection par son extrême sagesse et par son application continuelle à tous les devoirs de son état, et surtout par la résolution inébranlable de vous servir toute sa vie.

Peut-être les formalités, qui semblent inventées pour retarder les affaires, pourront retenir Morival chez moi encore quelque temps; mais il se rendra à Wésel au moment que V. M. l'ordonnera.

Vraiment, Sire, je suis et j'ai toujours été de votre avis; vous me dites dans votre lettre du 30 juillet : « Représentez-vous l'ennemi prêt à pénétrer aux environs de Ferney; ne regarderiez-vous pas comme votre sauveur le brave qui défendrait vos possessions? »

J'ai dit en médiocres vers, dans la Tactique, ce que vous dites en très-bonne prose :

Eh quoi! vous vous plaignez qu'on cherche à vous défendre?
Seriez-vous bien content qu'un Goth vint mettre en cendre
Vos arbres, vos moissons, vos granges, vos châteaux?
Il vous faut de bons chiens pour garder vos troupeaux.
Il est, n'en doutez point, des guerres légitimes, etc.a


a Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XIV, p. 274.