<308> à Wésel; il aura la permission d'aller pour un an à Ferney, et même il ne dépendra que de vous de le nommer chef de votre garde prétorienne. Il ne fera ni recrue ni rien là-bas; mais je vous avertis que, étant proscrit en France, c'est à vous à prendre des mesures pour qu'il soit en sûreté à Versoy, et j'avoue que je ne crois pas que vous ayez assez de crédit pour obtenir son pardon. Le chevalier de La Barre et lui ont été accusés du même délit; il est contre la dignité du roi de France que, après que l'un a été justicié publiquement, il puisse pardonner à l'autre sans paraître en contradiction avec lui-même. Je ne sache pas que les juges du chevalier La Barre aient été punis; je n'ai point entendu dire qu'on ait sévi contre aucun des assesseurs du tribunal d'Abbeville; ainsi, à moins que du fond de Ferney vous ne gouverniez la France, je ne saurais me persuader que vous obteniez quelque grâce en faveur de ce jeune homme. Le seul profit qu'il pourra tirer de son voyage, ce sera d'être détrompé par vous des préjugés qu'il peut avoir peut-être en faveur de son métier; mais je vous l'abandonne, et en cas que vous le convertissiez, il ne me sera pas difficile de le remplacer par un autre. Je vous avertis encore qu'il se trouve deux décrotteurs à Magdebourg, qui jadis ont été soldats dans le régiment de Picardie, et à Berlin un perruquier qui a servi dans les armées de M. de Broglie; ils sont très-fort à votre service, si vous les voulez avoir à Ferney pour y augmenter la colonie que vous y établissez. C'est sur quoi j'attends votre résolution, et, quoique ayant encouru votre haine et votre disgrâce, je prie Apollon, et Esculape son fils, dieu de la médecine, de vous conserver dans leur sainte garde.