<300> dont les suites sont si funestes, et tout le monde aura la raison aussi parfaite qu'une démonstration géométrique.

Je regrette bien que mon âge me prive d'un aussi beau spectacle, dont je ne jouirai pas même de l'aurore; et l'on plaindra mes contemporains d'être nés dans un siècle de ténèbres, sur la fin duquel a commencé le crépuscule du jour de la raison perfectionnée.

Tout dépend, pour l'homme, du temps où il vient au monde. Quoique je sois venu trop tôt, je ne le regrette pas; j'ai vu Voltaire; et, si je ne le vois plus, je le lis, et il m'écrit.

Continuez longtemps de même, et jouissez en paix de toute la gloire qui vous est due, et de tous les biens que vous souhaite le Philosophe de Sans-Souci.

478. DE VOLTAIRE.

Ferney, 8 décembre 1773.

Sire, une belle dame de Paris (dont vous ne vous souciez guère) prétend que vous serez fâché contre moi de ce que je donne V. M. au diable;a et moi, je lui soutiens que vous me le pardonnerez, et que Belzébuth même en sera fort content, attendu qu'il n'y a jamais eu personne plus diable que vous à la tête d'une armée, soit pour arranger un plan de campagne, soit pour l'exécuter, soit pour réparer un accident.


a

Je hais tous les héros, depuis le grand Cyrus
Jusqu'à ce roi brillant qui forma Lentulus;
On a beau me vanter leur conduite admirable,
Je m'enfuis loin d'eux tous, et je les donne au diable.

La Tactique. Œuvres de Voltaire

, édit. Beuchot, t. XIV, p. 373.