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331. A VOLTAIRE.a

Potsdam, 16 mars 1754.

Je vous remercie du livreb que vous m'avez envoyé. Il est beau de voir un homme s'occuper à des ouvrages purement utiles, lorsqu'il peut en faire de génie. Je n'ai eu aucune connaissance de l'édition qu'on a faite de l'Abrégé de l'Histoire universelle, que lorsqu'elle a paru. J'ai encore le manuscrit que vous m'avez donné sur cette matière. Vous vous êtes trompé en croyant qu'on me l'avait pris. Je n'ai perdu que le manuscrit du Siècle de Louis XIV. Vous devez être tranquille sur tout ce que vous m'avez confié. Je n'ai jamais cru que vous fussiez l'auteur de ces libelles qui ont paru. Je suis trop familiarisé avec votre style et votre façon de penser pour pouvoir m'y méprendre; et, en fussiez-vous l'auteur, ce que je ne crois point, je vous le pardonnerais de bon cœur. Vous devez vous rappeler que, lorsque vous vîntes prendre congé de moi à Potsdam, je vous assurai que je voulais bien oublier tout ce qui s'était passé, pourvu que vous me donnassiez votre parole que vous ne feriez plus rien contre Maupertuis. Si vous m'aviez tenu ce que vous me promîtes alors, je vous aurais


a Cette lettre est tirée des archives du Cabinet de Berlin.

b Le premier volume des Annales de l'Empire, qui se trouvent dans les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XXIII.