<288> dans un des évêchés de vos nouveaux Etats, ou dans votre abbaye d'Oliva; ce que je souhaite passionnément, c'est que les dissidents se multiplient sous vos étendards. On dit que plusieurs jésuites se sont faits sociniens; Dieu leur en fasse la grâce! Il serait plaisant qu'ils bâtissent une église à saint Servet; il ne nous manque plus que cette révolution.

Je renonce à mes belles espérances de voir les Mahométans chassés de l'Europe, et l'éloquence, la poésie, la musique, la peinture, la sculpture, renaissantes dans Athènes; ni vous, ni l'Empereur, ne voulez courir au Bosphore; vous laissez battre les Russes à Silistrie, et mon impératrice s'affermir pour quelque temps dans le pays de Thoas et d'Iphigénie. Enfin vous ne voulez point faire de croisade. Je vous crois très-supérieur à Godefroi de Bouillon; vous auriez eu pardessus lui le plaisir de vous moquer des Turcs en jolis vers, tout aussi bien que des confédérés polonais; mais je vois bien que vous ne vous souciez d'aucune Jérusalem, ni de la terrestre, ni de la céleste : c'est bien dommage.

Le vieux malade de Ferney est toujours aux pieds de V. M.; il est bien fâché de ne plus s'entretenir de vous avec madame la duchesse de Würtemberg, qui vous adore.

Le vieux malade.

473. A VOLTAIRE.

Potsdam, 9 octobre 1773.

Je m'aperçois avec regret qu'il y a près de vingt ans que vous êtes parti d'ici; votre mémoire me rappelle à votre imagination tel que