<248> j'en jouisse, car je crains fort de ne vous pas trouverdans cet autre monde. Vale.

454. DE VOLTAIRE.

(Ferney) 16 octobre 1772.

Sire, la médaille est belle, bien frappée, la légende noble et simple; mais surtout la carte que la Prusse jadis polonaise présente à son maître fait un très-bel effet. Je remercie bien fort V. M. de ce bijou du Nord; il n'y en a pas à présent de pareils dans le Midi.

La Paix a bien raison de dire aux palatins :
Ouvrez les yeux, le diable vous attrape;
Car vous avez à vos puissants voisins,
Sans y penser, longtemps servi la nappe.
Vous voudrez donc bien trouver bel et beau
Que ces voisins partagent le gâteau.

C'est assurément le vrai gâteau des rois, et la fève a été coupée en trois parts. Mais la Paix ne s'est-elle pas un peu trompée? J'entends dire de tous côtés que cette Paix n'a pu venir à bout de réconcilier Catherine II et Mustapha, et que les hostilités ont recommencé depuis deux mois. On prétend que, parmi ces Français si babillards, il s'en trouve qui ne disent mot, et qui n'en agissent pas moins sous terre.

On dit que les mêmes gens qui gardent Avignon au saint-père ont un grand crédit dans le sérail de Constantinople. Si la chose est vraie, c'est une scène nouvelle qui va s'ouvrir. Mais il n'y en a point de plus belle que les pièces qu'on joue en Prusse et en Suède; le Roi votre neveu paraît digne de son oncle.