<103>chotte qui doit guerroyer sans cesse, et qui n'a aucun repos à espérer, tant que l'acharnement de ses ennemis le persécutera. Je souhaite à l'auteur d'Alzire et de Mérope cette tranquillité dont me prive ma malheureuse étoile. Vale.

382. AU MÊME.a

Berlin, 1er janvier 1765.

Je vous ai cru si occupé à écraser l'infâme, que je n'ai pu présumer que vous pensiez à autre chose. Les coups que vous lui avez portés l'auraient terrassée il y a longtemps, si cette hydre ne renaissait sans cesse du fond de la superstition répandue sur toute la face de la terre. Pour moi, détrompé dès longtemps des charlataneries qui séduisent les hommes, je range le théologien, l'astrologue, l'adepte et le médecin dans la même catégorie.

J'ai des infirmités et des maladies; je me guéris moi-même par le régime et par la patience. La nature a voulu que notre espèce payât à la mort un tribut de deux et demi pour cent. C'est une loi immuable, contre laquelle la Faculté s'opposera vainement; et, quoique j'aie très-grande opinion de l'habileté du sieur Tronchin, il ne pourra cependant pas disconvenir qu'il y a peu de remèdes spécifiques, et que, après tout, des herbes et des minéraux pilés ne peuvent ni refaire ni redresser des ressorts usés et à demi détruits par le temps.

Les plus habiles médecins droguent le malade pour tranquilliser


a Réponse à la lettre de Voltaire, du 9 décembre 1764, qui s'est perdue. Voyez Friedrichs des Zweiten hinterlassene Werke. Aus dem Französischen übersetzt. Berlin, 1789, t. I, p. XXXI (b). Voyez aussi la lettre de Frédéric à d'Alembert, du 24 mars 1765.