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Du haut du temple de Mémoire.
Sur les ailes de la Victoire,
Vos yeux conduisent mes pinceaux.

Mais non, c'est à vous seul d'écrire,
A vous de chanter sur la lyre
Ce que vous seul exécutez;
Tel était jadis ce grand homme,
L'oracle et le vainqueur de Rome.
Qu'on vante et que vous imitez.

Cependant la douce Éminence,
Ce roi tranquille de la France.
Etendant partout ses bienfaits,
Vers les frontières alarmées
Fait déjà marcher quatre armées,
Seulement pour donner la paix.

J'aime mieux Jordan qui s'allie
Avec certain Anglais impiea
Contre l'idole des dévots,
Contre ce monstre atrabilaire
De qui les fripons savent faire
Un engin pour prendre les sots.

Autrefois Julien le sage,
Plein d'esprit, d'art et de courage,
Jusqu'en son temple l'a vaincu;
Ce philosophe sur le trône,
Unissant Thémis et Bellone,
L'eût détruit, s'il avait vécu.

Achevez cet heureux ouvrage.
Brisez ce honteux esclavage


a A partir du temps où cette lettre fut écrite, Frédéric donna à son ami Jordan le surnom de Tindalien, par allusion au déiste anglais Tindal, dont ce savant aimait les ouvrages. Nous ne savons, du reste, si Jordan a jamais traduit aucun auteur anglais. Voyez t. XVII, p. 149, 166, 193, 190, 198, 204, etc.