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326. A VOLTAIRE.a

(1753.)

Le Roi a tenu son consistoire, et dans ce consistoire il a été discuté si votre cas était un péché mortel ou véniel. A la vérité, tous les docteurs ont reconnu qu'il était très-mortel, et constaté tel par les chutes et les rechutes. Mais cependant, par la plénitude de grâce de Belzébuth qui repose sur S. M., elle croit pouvoir vous absoudre, sinon en entier, du moins en partie. Ce serait, à la vérité, en faveur de quelque acte de contrition et de pénitence imposée; mais comme, dans l'empire de Satan, on déférait beaucoup au génie, je crois que, en faveur de vos talents, on pourrait pardonner les fautes qui auraient pu faire quelque espèce de tort à votre cœur. Voici les paroles du souverain pontife, que j'ai recueillies avec soin. C'est plutôt une prophétie.

327. VOLTAIRE A L'ABBÉ DE PRADES.b

Berlin, au Belvédère, 15 mars (1753).

Cher abbé, votre style ne m'a pas paru doux. Vous êtes un franc secrétaire d'État; mais je vous avertis qu'il faut que je vous embrasse avant mon départ. Je ne pourrai vous baiser, car j'ai les lèvres trop enflées de mon diable de mal. Vous vous passerez bien de mes bai-


a Cette lettre est tirée des archives du Cabinet de Berlin. Elle fut dictée par le Roi à l'abbé de Prades. Voyez t. XX, p. 297.

b Tirée des archives du Cabinet de Berlin.