<35> ferez plaisir de me l'envoyer. Bernarda parle en adepte; il ne veut point imprimer des livres, mais il veut faire de l'or.

Si je puis, je ferai marcher la tortue de Bréda;b je ferai même écrire à Vienne, pour madame du Châtelet, à mon ministre, qui pourra peut-être s'employer utilement pour elle. Saluez de ma part cette rare et aimable personne, et soyez persuadé que tant que Voltaire existera, il n'aura pas de meilleur ami que

Federic.

145. DE VOLTAIRE.

(La Haye) 7 octobre 1740.

Sire, j'oubliai de mettre dans mon dernier paquet à Votre Majesté la lettre du sieur Beck, sur laquelle il m'a fallu revenir à la Haye. Je suis bien honteux de tant de discussions dont j'importune V. M. pour une affaire qui devait aller toute seule. J'ai fait connaissance avec un jeune homme fort sage, qui a de l'esprit, des lettres et des mœurs. C'est le fils de l'infortuné M. Luiscius,c Son père n'a eu, je crois, d'autre défaut que de ne pas faire assez de cas d'une vie qu'il avait vouée au service de son maître. Le fils me sert dans ma petite négociation avec toute la sagacité et la discrétion imaginables. Je prends la liberté d'assurer à V. M. que si elle veut prendre ce jeune homme à son service pour lui servir de secrétaire, en cas qu'elle en ait be-


a Gentil-Bernard, sans doute. Voyez t. X, p. 9, t. XVIII, p. 11, et t. XXI, p. 84 et 384.

b Le prince d'Orange. Voyez t. XXI, p. 294 et 295.

c Abraham-George Luiscius, précédemment envoyé prussien à la Haye; Voltaire en parle dans la Vie privée du roi de Prusse. A Amsterdam, 1784, in-12, p. 9. Voyez ses Œuvres. édit. Beuchot, t. XL, p. 44. Voyez aussi t. I, p. 200 de notre édition.