<203>motime. V. M. a déjà peut-être lu Catilina; elle peut voir si nos académiciens écrivent aussi purement qu'elle.

Sire, grand merci de ce que, dans votre ode sur votre Académie,a vous daignez, aux chutes des strophes, employer la mesure des trois petits vers de trois petits pieds ou de six syllabes. Je croyais être le seul qui m'en étais servi; vous la consacrez. Il y a peu de mesures, à mon gré, aussi harmonieuses; mais aussi il y a peu d'oreilles qui sentent ces délicatesses; votre géomètre borgne, dont V. M. parle, n'en sait rien. Nous sommes dans le monde un petit nombre d'adeptes qui nous y connaissons; le reste n'en sait pas plus qu'un géomètre suisse. Il faudrait que tous les adeptes fussent à votre cour.

J'avais en quelque sorte prévenu la lettre de V. M., en lui parlant de la cour de Lorraine, où j'ai passé quelques mois entre le roi Stanislas et son apothicaire, personnage plus nécessaire pour moi que pourb son auguste maître, fût-il souverain dans la cohue de Varsovie.

J'aime fort cette Epiphanie
Des trois rois que vous me citez;
Tous trois différents de génie,
Tous trois de moi très-respectés.
Louis, mon bienfaiteur, mon maître,
M'a fait un fortuné destin;
Stanislas est mon médecin;
Mais que Frédéric veut-il être?

Vous daignez, Sire, vouloir que je sois assez heureux pour vous venir faire ma cour? Moi! voyager pendant l'hiver, dans l'état où je suis! Plût à Dieu! mais mon cœur et mon corps ne sont pas de la même espèce. Et puis, Sire, pourrez-vous me souffrir? J'ai eu une maladie qui m'a rendu sourd d'une oreille, et qui m'a fait perdre mes dents. Les eaux de Plombières m'ont laissé languissant. Voilà un


a Voyez t. X, p. 25.

b Le mot pour, omis dans les autres éditions, paraît avoir été ajouté par M. Beuchot.