<163> à jamais un ridicule dans l'Europe, et seraient, dans le fond, contraires à mes intérêts et à ma gloire. La seule commission que je puisse vous donner pour la France, c'est de leur conseiller de se conduire plus sagement qu'ils n'ont fait jusqu'à présent.a
Cette monarchie est un corps très-fort, sans âme et sans nerf.
F.

211. A VOLTAIRE.

Le 8 septembre 1740 (1743).

Je n'ose parler à un fils d'Apollon de chevaux, de carrosses, de relais et de pareilles choses; ce sont des détails dont les dieux ne se mêlent pas, et que nous autres humains prenons sur nous. Vous partirez lundi après midi, si vous le voulez, pour Baireuth,b et vous dînerez chez moi en passant, s'il vous plaît.

Le reste de mon mémoire est si fort barbouillé et en si mauvais état, que je ne puis vous l'envoyer. Je fais copier les chants VIII et IX de la Pucelle. J'en possède à présent le Ier, le IIe, le IVe, le Ve, le


a Le Roi dit dans l'Histoire de mon temps : « Sur ces entrefaites Voltaire arriva à Berlin. Comme il avait quelques protecteurs à Versailles, il crut que cela était suffisant pour se donner les airs de négociateur; son imagination brillante s'élançait sans retenue dans le vaste champ de la politique : il n'avait point de créditif, et sa mission devint un jeu, une simple plaisanterie. » Voyez t. III, p. 26.

b Voltaire partit pour Baireuth le mardi 10 septembre 1743, et fut de retour a Potsdam le 20.