<14> congé de mes frères, de tous les officiers de marque, et de moi. La Reine, mes frères et moi, nous l'avons assisté dans ses dernières heures; dans ses angoisses il a témoigné le stoïcisme de Caton. Il est expiré avec la curiosité d'un physicien sur ce qui se passait en lui à l'instant même de sa mort, et avec l'héroïsme d'un grand homme, nous laissant à tous des regrets sincères de sa perte, et sa mort courageuse comme un exemple à suivre.a

Le travail infini qui m'est échu en partage depuis sa mort laisse à peine du temps à ma juste douleur. J'ai cru que, depuis la perte de mon père, je me devais entièrement à la patrie. Dans cet esprit, j'ai travaillé autant qu'il a été en moi pour prendre les arrangements les plus prompts et les plus convenables au bien public.

J'ai d'abord commencé par augmenter les forces de l'État de seize bataillons, de cinq escadrons de hussards, et d'un escadron de gardes du corps. J'ai posé les fondements de notre nom elle Académie. J'ai fait acquisition de Wolff, de Maupertuis, d'Algarotti. J'attends la réponse de s'Gravesande, de Vaucanson et d'Euler.b J'ai établi un nouveau collége pour le commerce et les manufactures; j'engage des peintres et des sculpteurs; et je pars pour la Prusse, pour y recevoir l'hommage, etc., sans la sainte ampoule, et sans les cérémonies inutiles et frivoles que l'ignorance et la superstition ont établies, et que la coutume favorise.

Mon genre de vie est assez déréglé quant à présent, car la Faculté a trouvé à propos de m'ordonner ex officio de boire des eaux de Pyrmont. Je me lève à quatre heures, je bois les eaux jusqu'à huit, j'écris jusqu'à dix, je vois les troupes jusqu'à midi, j'écris jusqu'à cinq heures, et le soir je me délasse en bonne compagnie. Lorsque les


a Voyez t. I, p. 200-202.

b Voyez t. XXI, p. 13 et 14; voyez aussi t. XVI, p. XI, 195, 303, 304, 429, 432 et 434; t. XVII, p. VIII et Ix, et 371-379; t. XVIII, p. I-IV, et 1-149; et t. XX, p. XIV-XVI, et 219 à 235.