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Et tout l'essor de la saillie,
Le vin d'Aï, nectar charmant,
Pourra vous servir d'ambroisie;
Et dans cette bachique orgie,
L'on saura fuir également
L'assoupissante léthargie,
Et le fougueux emportement.

Adieu, cher Voltaire; soyez juste envers vos amis. Sacrifiez aux autels de madame du Châtelet; mais, dans le commerce des dieux, n'oubliez pas les hommes qui vous estiment, et donnez-leur quelques-uns de vos moments.

188. AU MÊME.

Aix-la-Chapelle, 26 août 1742.a

De la source où la Faculté
Promet à la goutte et colique,
Gravelle, chancre et sciatique,
La bonne humeur et la santé;

de cet endroit où tant de gens viennent pour se divertir, et d'où tant d'autres s'en retournent sans être guéris, et où la charlatanerie des médecins, les intrigues de l'amour tiennent leur jeu également, où enfin l'infirmité et les préjugés amènent tant de personnes de tous les bouts de l'univers, je vous invite, comme un ancien infirme, à venir me trouver; vous y aurez la première place, en qualité de malade et en qualité de bel esprit.


a L'original de cette lettre était daté, par mégarde, du 26 septembre, comme Voltaire le fit remarquer au cardinal de Fleury, le 10 septembre, en la lui communiquant.