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Ces tendres sentiments et la langueur flatteuse
Que vous imputez à mon cœur.
Vous prenez pour faiblesse une amitié solide,
Vous m'appelez Renaud de mollesse abattu;
Grand roi, je ne suis point dans le palais d'Armide,
Mais dans celui de la Vertu.

Oui, Sire, mettant à part héroïsme, trône, victoires, tout ce qui impose le plus profond respect, je prends la liberté, vous le savez bien, de vous aimer de tout mon cœur; mais je serais indigne de vous aimer à ce point-là, et d'être aimé de V. M., si j'abandonnais, pour le plus grand homme de son siècle, un autre grand homme qui, à la vérité, porte des cornettes, mais dont le cœur est aussi mâle que le vôtre, et dont l'amitié courageuse et inébranlable m'a depuis dix ans imposé le devoir de vivre auprès d'elle.

J'irai sacrifier dans votre temple, et je reviendrai à ses autels.

Puisse-je ainsi, dans le cours de ma vie,
Passer du ciel de mon héros
A la planète d'Emilie!
Voilà mes tourbillons et ma philosophie,
Et le but de tous mes travaux.

Je vais commencer à envoyer à V. M. les papiers qu'elle demande, et elle aura le reste dès que je serai à Bruxelles.

Vainqueur de Charle, et son ami,
Soyez donc celui de la France.
Ne soyez point vertueux à demi;
Avec le monde entier soyez d'intelligence.

Dieu et le diable savent ce qu'est devenue la lettre que j'écrivis à V. M. sur ce beau sujet, vers la fin du mois de juin, et comment elle est parvenue en d'autres mains; je suis fait, moi, pour ignorer le dessous des cartes. J'ai essuyé une des plus illustres tracasseries