<223> surtout l'histoire des arts, voilà mon seul objet. Je suis bien sûr de dire la vérité quand je parlerai de Des Cartes, de Corneille, du Poussin, de Girardon,a de tant d'établissements utiles aux hommes; je serais sûr de mentir, si je voulais rendre compte des conversations de Louis XIV et de madame de Maintenon.

Si vous daignez m'encourager dans cette carrière, je m'y enfoncerai plus avant que jamais; mais, en attendant, je donnerai le reste de cette année à la physique, et surtout à la physique expérimentale. J'apprends, par toutes les nouvelles publiques, qu'on débite mes Éléments de Newton; mais je ne les ai point encore vus. Il est plaisant que l'auteur et la personne à qui ils sont dédiésb soient les seuls qui n'aient point l'ouvrage. Les libraires de Hollande se sont précipités, sans me consulter, sans attendre les changements que je préparais; ils ne m'ont ni envoyé le livre, ni averti qu'ils le débitaient. C'est ce qui fait que je ne peux avoir moi-même l'honneur de l'adresser à V. A. R.; mais on en fait une nouvelle édition plus correcte, que j'aurai l'honneur de lui envoyer.

Il me semble, monseigneur, que ce petit commercium epistolicum embrasse tous les arts. J'ai eu l'honneur de vous parler de morale, de métaphysique, d'histoire, de physique; je serais bien ingrat, si j'oubliais les vers. Et comment oublier les derniers que V. A. R. vient de m'envoyer? Il est bien étrange que vous puissiez écrire avec tant de facilité dans une langue étrangère. Des vers français sont très-difficiles à faire en France, et vous en composez, à Remusberg, comme si Chaulieu, Chapelle, Gresset, avaient l'honneur de souper avec V. A. R. (Le reste manque.)


a François Girardon, célèbre sculpteur, né en 1630, mourut le même jour que Louis XIV, le 1er septembre 1715.

b La marquise du Châtelet.