<170> d'images qui lui conviennent. J'ai pensé ne pas vous l'envoyer, tant j'en ai trouvé le style négligé.

J'attends avec bien de l'impatience les vers qu'Émilie veut bien se donner la peine de composer. Je suis toujours sûr de gagner au troc; et, si j'étais cartésien, je tirerais une grande vanité d'être la cause occasionnelle des bonnes productions de la marquise. On dit que, lorsqu'on fait des dons aux princes, ils les rendent au centuple; mais ici c'est tout le contraire : je vous donne de la mauvaise monnaie, et vous me rendez des marchandises inestimables. Qu'on est heureux d'avoir affaire à un esprit comme le vôtre ou comme celui d'Émilie! C'est un fleuve qui se déborde, et qui fertilise les campagnes sur lesquelles il se répand.

Il ne me serait pas difficile de faire ici l'énumération de tous les sujets de reconnaissance que vous m'avez donnés, et j'aurais une infinité de choses à dire du Mondain, de sa Défense, de l'Ode à Émilie, et d'autres pièces, et de l'incomparable Mérope. Ce sont de ces présents que vous seul êtes en état de faire.

Voltaire et Apollon, ressuscitant Mérope,
Font voir à l'univers un chef-d'œuvre nouveau,
Un modèle parfait du sublime et du beau;
Mais pour tout auteur misanthrope
C'est un malheur, c'est un fléau,a

Vous ne sauriez croire à quel point vos vers rabaissent mon amour-propre; il n'y a rien qui tienne contre eux.

Comme le vieillard de la Fable,
Je sollicitais le secours,
Non point de la Mort effroyable,
Qui de sa faux épouvantable


a Ces cinq vers, omis dans l'édition de Kehl, sont tirés des Œuvres posthumes, t. X, p. 117. Il en est de même des trente-six vers qui viennent après l'alinéa suivant. Voyez l. c., p. 117-119.