<57> que lorsque je recevrai la confirmation de ma conjecture; c'est une grâce que j'attends de la bonté de V. M. Elle sait combien les peines d'esprit prennent sur un mélancolique tel que moi. Je souhaite bien vivement que les eaux qu'elle vient de prendre à Sans-Souci aient un effet salutaire; le plus ardent de mes vœux sera rempli.

Je ne puis finir, Sire, sans oser dire à V. M. combien deux choses qu'elle vient de faire ici ont eu une approbation générale : c'est la nomination de M. le baron de Knyphausena pour son ministre, et le bienfait qu'elle accorde à M. d'Alembert.b Je sais bien que l'opinion du vulgaire ne décide pas V. M.; mais, comme disait madame de Sévigné à propos du mariage de son fils,c c'est toujours quelque chose quand le public est content. Puissiez-vous vivre longtemps, Sire, pour faire des heureux ou pour l'être! Le marquis de Valori est toujours plus sensible à l'honneur du souvenir de V. M., et se met bien sincèrement et respectueusement à ses pieds. Je suis, etc.

28. DU MÊME.

Vincennes, 5 octobre 1754.



Sire,

Ce n'est que par Votre Majesté que je puis espérer de la fortune et du bonheur, et l'occasion est arrivée où je puis tenir l'un et l'autre


a Successeur de mylord Marischal, qui avait été nommé gouverneur de Neufchâtel le 18 juillet 1754.

b Une pension de douze cents livres. Voyez la correspondance du Roi avec d'Alembert.

c Madame de Sévigné écrivait au comte de Bussy, Paris, 4 décembre 1668, au sujet du mariage de sa fille avec le comte de Grignan : « Le public paraît content; c'est beaucoup, car on est si sot, que c'est quasi sur cela qu'on se règle. »