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1. A MYLORD MARISCHAL.

(Mai 1754.)

Vous saurez qu'il y a un homme, à Paris, du plus grand mérite, qui ne jouit pas d'avantages de la fortune proportionnés à ses talents et à son caractère. Je pourrais servir d'yeux à l'aveugle déesse, et réparer au moins quelques-uns de ses torts. Je vous prie d'offrir, par cette considération, une pension de douze cents livresa à M. d'Alembert; c'est peu pour son mérite, mais je me flatte qu'il l'acceptera en faveur du plaisir que j'aurai d'avoir obligé un homme qui joint la bonté du caractère aux talents les plus sublimes de l'esprit. Vous qui pensez si bien, vous partagerez avec moi, mon cher mylord, la satisfaction d'avoir mis un des plus beaux génies de la France dans une situation plus aisée. Je me flatte de voir M. d'Alembert ici; il a promis de me faire cette galanterie dès qu'il aura achevé son Encyclopédie. Pour vous, mon cher mylord, je ne sais quand je vous reverrai; mais soyez persuadé que ce sera toujours trop tard, eu égard à l'estime et à l'amitié que j'ai pour vous.


a Voyez ci-dessus, p. 57.