<163>Notre carnaval ressemble aux jours ouvriers à Brandebourg; il n'y a ni spectacle ni rien, à cause d'un deuil de famille qui m'afflige sensiblement.a Je me suis relâché pour les derniers quinze jours en faveur de notre jeunesse, qui n'est guère sensible à la tristesse des autres.

Votre ferme de tabacb avance bien, et je me flatte que vous aurez lieu d'en être content.

Adieu, mon cher ami; soignez bien votre santé, et comptez toujours sur mon cœur, qui sera à vous à l'avenir comme durant le passé.

56. DU BARON DE L. M. FOUQUÉ.

Brandebourg, 9 janvier 1766.



Sire,

Je suis pénétré de toutes les bontés que vous me témoignez, au point que je ne puis en rendre les remercîments convenables, tant par rapport aux soins que V. M. prend de ma santé que pour celui qu'elle prend de mes intérêts. Ce dernier point m'engage à lui demander une nouvelle grâce. Sire, la voici. J'ai perdu à la prise de Glatz toutes mes obligations; il y en avait pour dix-huit mille cinq cents écus de votre Landschaft de Berlin, dont je joins ici la note. Je sup-


a La margrave Sophie de Schwedt, sœur du Roi, était morte le 13 novembre 1765. Voyez, ci-dessus, p. 139.

b Lorsque le Roi établit la ferme générale du tabac, il vint une fois à parler à Fouqué, pendant qu'il était chez lui, à Brandebourg, de l'avantage des intéressés, et lui conseilla d'y prendre part. Fouqué fit des difficultés, préférant les intérêts plus modiques, mais plus sûrs, qu'il tirait de la Landschaft, à Berlin. Le Roi entra là-dessus dans sa chambre, et revint bientôt après avec une somme considérable qu'il remit à Fouqué. « Voici, lui dit-il, de l'argent que je vous apporte pour que vous en achetiez des actions de tabac. » (Note de M. Büttner.)