<147>Vivez, Sire, pour le bien de l'État et votre gloire. Exercez, manœuvrez, et vous fâchez un peu quelquefois; tout cela contribue à votre santé, selon le système de feu le vieux routier.a Je suis, etc.

P. S. Vous serez très-bien venu chez vous à Brandebourg, Sire, et vous y trouverez à midi le pot-au-feu d'un réfugié.

31. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.

Le 27 avril 1764.

Je suis charmé de l'aveu que vous me faites, mon cher ami, de la bonté de ma porcelaine. Nous attendons que le grand bâtiment soit achevé pour travailler en grand. Cela ne peut avoir lieu qu'à la Pentecôte; alors il faut établir les dix grands fours pour la cuisson de la porcelaine, de sorte que l'ouvrage ne pourra être véritablement en train que vers le milieu de septembre. On a déjà fait de grandes pièces dans les deux fourneaux que nous avons, qui ont fort bien réussi; mais nous avons des commissions pour la Russie et la Hollande, auxquelles on travaille incessamment pour les expédier. J'entretiens actuellement cinq cent sept personnes à cet ouvrage. Il n'y a que les fours qui nous arrêtent; mais au mois de septembre cet obstacle sera levé.

Vous vous imaginez, mon cher, que je suis encore aussi vif qu'autrefois; mais vous vous trompez. J'ai mis de l'eau dans mon vin, et je corrige à la vérité ce qu'il y a de défectueux dans la partie de l'exercice, mais sans sortir de mon assiette ordinaire. Ce qui


a Le prince Léopold d'Anhalt, que Frédéric mentionne, t. XVI, p. 92, sous le nom de la Barbe, et ci-dessus, p. 125, sous celui de Sylla.