<161> Cela prévient toujours pour quelque temps le public, et donne le loisir de faire la nouvelle édition. Enfin, Sire, elle sera finie dans douze jours; je ne crois pas que, si on la faisait faire par le secours des fées, elle pût aller plus vite. Elle sera, malgré cela, très-correcte, parce qu'il est cent fois plus aisé aux imprimeurs de travailler d'après un livre imprimé que d'après un manuscrit. Je supplie donc V. M., accablée par tant d'autres soins, de se tranquilliser sur cette affaire, et de compter sur la diligence et le zèle de M. de Beausobre, plein de bonne volonté pour le service de V. M.

Voilà donc le redoutable Thurot tué, et toute son escadre prisonnière.a Si les Français ne font la paix au commencement de cette campagne, il faut qu'ils soient possédés de dix légions de diables autrichiens. J'ai l'honneur, etc.

117. AU MARQUIS D'ARGENS.

J'ai, mon cher marquis, une petite commission à vous donner. Vous savez que Gotzkowskyb a encore de beaux tableaux qu'il me destine. Je vous prie d'en examiner le prix et de savoir de lui s'il aura le Corrége qu'il m'a promis. C'est une curiosité qui me vient. Je ne sais encore ni ce que je deviendrai, ni quel sera le sort de cette campagne, qui me paraît bien hasardée, et, trop insensé que je suis, je m'en-


a Le capitaine Elliot battit Thurot près de l'île de Man, le 28 février 1760.

b Jean-Ernest Gotzkowsky, négociant et fabricant, né à Conitz en 1710, mort à Berlin en 1775. Nous avons son autobiographie, sous le titre de Geschichte eines patriotischen Kaufmanns. 1768 (sans lieu d'impression), cent soixante-seize pages; il en existe une édition postérieure, de la même année, qui a cent quatre-vingt-douze pages. Voyez ci-dessus, p. 126.