<118>Tous, redoutant ta bienveillance,
A pas précipités s'enfuiraient loin de toi,
Et ton temple désert et vide
Nous ferait autant de pitié
Que le sacré temple où réside
La déesse de l'amitié.
Depuis, pesant cette matière,
Donnant à mon esprit une libre carrière,
Marquis, j'ai trouvé la raison
Pourquoi, près de cette frontière,
Ce héros décoré de toque et de toison
D'une écrevisse a pris la démarche en arrière.
Cette âme dévote et guerrière
Fut par le vieux Satan, par cet esprit malin,
A nous nuire toujours enclin,
Induite d'étrange manière.
Il sut par des travaux lui remplir tout son temps,
Si bien que, deux jours du printemps,
Le héros oublia de dire son bréviaire;
Par quoi le saint héros, quoiqu'à Vienne prôné,
Par Wenceslas fut condamné
A faire, cet hiver, un bout de pénitence,
Et la Fortune exécuta
D'un tour de main cette sentence.
Le héros troublé radota,
En soi perdant la confiance,
La Saxe prestement quitta.
Et puis, que de toute œuvre pie
Tout bon chrétien présomptueux,
Scrutant son zèle fastueux,
Des ruses de Satan et de soi se défie.

Je vous envoie des vers à la glace, faits dans des camps, au milieu de la neige. Ils ne sont bons que parce qu'ils vous annoncent une bonne fin de campagne. Nous avons si fort resserré l'ennemi, qu'il me semble impossible qu'il regagne la Bohême sans faire de grandes pertes. Dans cet embarras, Daun se trouve comme l'âne