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III. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC MADAME DE CAMAS (2 AOUT 1744 - 17 OU 18 NOVEMBRE 1765.)[Titelblatt]

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1. A MADAME DE CAMAS.

(Potsdam) 2 août 1744.



Ma bonne maman,

Je vous rends mille grâces de ce que vous voulez partager avec moi les soins de l'amitié. Je vous en aime mille fois davantage. Vous saurez ce qui s'est passé ici. Jamais je ne me suis tiré d'un plus grand embarras. Le pauvre Rottembourg a pensé mourir d'une inflammation aux reins; mais je le crois d'aujourd'hui hors d'affaire. Adieu, ma bonne maman; n'oubliez pas un ami avec lequel on joue au roi dépouillé.

Federic.

2. A LA MÊME.

Au camp devant Prague, 12 septembre 1744.

Nous venons d'avoir le triste cas que le prince Guillaume, frère du margrave Charles, a été tué d'un coup de canon qui sortit par hasard de la ville de Prague. Comme il importe extrêmement que S. M. la Reine douairière ne soit informée de cet accident que de la manière la moins frappante dont il soit possible, et qu'elle ne sache d'autres circonstances de la mort de ce pauvre prince, sinon qu'il a été commandé lorsque les tranchées devant la ville ont été ouvertes, vous<158> prendrez vos mesures là-dessus, et vous concerterez préalablement avec le comte de Podewils, afin que l'on n'en parle à la Reine douairière qu'en ce sens-là. Et sur cela, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.

158-aJe tremble que l'on ne fasse un conte à ma mère, qui trouble sa tranquillité. Je vous conjure, par tout ce que je puis conjurer, d'écarter de son esprit toute idée sinistre, afin que je la revoie contente et en bonne santé. Mes frères, grâce à Dieu, et moi, nous nous portons à merveille, et la ville sera prise dans deux jours.

Federic.

3. A LA MÊME.

Camp de Wotitz, 25 septembre 1744.

Je suis charmé d'avoir vu par votre lettre avec combien de précaution vous avez insinué à S. M. la Reine douairière la mort du digne prince Guillaume. C'est donc à vos soins que l'adoucissement de cette affligeante nouvelle est dû, ce dont je vous remercie de bien bon cœur, étant au reste

Votre affectionné roi.



158-aMa bonne maman Camas,

Vous êtes la meilleure personne du monde. Je vous embrasse de tout mon cœur pour les soins que vous prenez de ma chère mère; je vous prie de continuer de même, et de ne vous point inquiéter sur<159> le sort d'un individu qui n'a d'autre mérite que de vous être entièrement attaché.

4. A LA MÊME.

Ce 10 (juin 1745).



Ma bonne maman Camas,

J'ai été bien aise de n'avoir pas eu besoin d'implorer vos bons offices pour cette fois.159-a Nous avons été plus heureux que sages, et nous n'osons pas presque nous présenter devant une gouvernante aussi respectable que vous. Je vous rends grâce du fond de mon cœur de la part sincère que vous prenez au succès de mon armée; tout l'État y était intéressé. Pour le coup, il fallait ou vaincre, ou périr. Le bon Dieu a pris notre protection visiblement, et c'est à la Providence et à la multitude de bons et de braves officiers que je dois toute ma fortune. Truchsess est mort; le colonel de Massow de Hacke, Schwerin des gardes, et Hobeck de Bevern.159-b La blessure de Buddenbrock se trouve légère, et il en réchappera beaucoup de ceux que l'on avait jugés perdus du commencement. Adieu, ma bonne maman. Nous allons courir encore la pretantaine pendant une huitaine de jours; après cela, il y a espérance que le bon sens nous reviendra. Daignez m'en faire une provision, car vous autres gens de Berlin en avez toujours à revendre. Je suis avec bien de l'estime

Votre très-fidèle ami,
Federic.

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5. A LA MÊME.

Camp de Chlum, 27 juillet 1745.



Ma chère maman Camas,

Si tout le monde portait le bon sens en croupe, comme vous l'avez sous votre coiffure, on ne verrait point arriver dans le monde autant de folies qu'il s'en fait. Je connais madame de B..... trop bien pour ne point rendre justice à ses mérites, en blâmant la légèreté de ses résolutions. Hélas! vous me dites des choses plus flatteuses que je ne mérite. Je vous prie de m'envoyer toute votre sagesse par le premier courrier, car j'en ai bien besoin dans la situation où je me trouve, et peut-être que ce n'est point à moi à relever dans madame de B..... un défaut dont je puis me trouver coupable moi-même. Nous sommes ici à nous regarder comme des imbéciles, et je vous assure, madame, que vous auriez pitié de la ridicule figure que deux grandes armées font vis-à-vis l'une de l'autre, si vous le voyiez. Nous autres ferrailleurs, nous tournons nos yeux sur Berlin, comme les juifs vers la sainte Sion. Pour mon particulier, je flatte agréablement mon imagination en laissant régner dans mon esprit la douce idée de mes parents, de mes amis et de tant de personnes qui me sont chères à Berlin. C'est à présent le temps de nous rendre dignes de nous divertir cet hiver avec eux de bon cœur, et de nous procurer à tous cette tranquillité d'esprit si nécessaire pour goûter le plaisir. Adieu, ma chère maman; conservez-nous à tous une mère dont vous savez à quel point nous l'adorons, et, lorsque vous faites vos nœuds pendant le silence de vos perroquets, le calme de l'Académie et le sommeil de vos chiens, donnez quelques-unes de vos pensées perdues à vos amis absents, à la tête desquels je prie de me compter.

Federic.

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6. A LA MÊME.

Quartier de Chlum, 12 août 1745.



Ma chère maman Camas,

Il me prend un tendre pour votre correspondance, qui m'empêche de laisser la chose en si bon train. Vous ne trouverez donc pas mauvais que je réponde à votre lettre, sauf de vous interrompre dans le cercle brillant de vos plaisirs champêtres. Je ne sais encore quand et comment nous nous verrons, et tout ce que je puis souhaiter n'y contribue pas beaucoup. Vous devez savoir, mesdames, que ceux qui ont le malheur d'être des politiques se voient si fort assujettis au mouvement général des événements, qu'ils sont obligés de suivre l'impression que le tourbillon fait sur eux. Tout ce que je puis assurer, c'est que je ne serai point fâché de revoir mes pénates, mes parents et mes amis. Ce sont des sentiments que l'on ne doit pas avoir honte d'avouer. Je m'en fais gloire, comme de ceux de l'estime parfaite avec laquelle je vous prie de me compter au nombre de vos bons amis.

Federic.

7. A LA MÊME.

Camp de Semonitz, 30 août 1745.



Madame,

La dernière fois que je vous écrivis, j'avais l'âme bien tranquille, et je ne prévoyais pas le malheur qui allait m'accabler. J'ai perdu en<162> moins de trois mois mes deux plus fidèles amis,162-a des gens avec lesquels j'ai toujours vécu, et dont la douceur de la société, la qualité d'honnête homme, et la véritable amitié que j'avais pour eux, m'ont souvent aidé à vaincre des chagrins et à supporter des maladies. Vous jugez bien qu'il est difficile pour un cœur né sensible comme le mien d'étouffer la douleur profonde que cette perte me cause. Je me trouverai, à mon retour à Berlin, presque étranger dans ma propre patrie et, pour ainsi dire, isolé parmi mes pénates. Je parle à une personne qui a donné des marques de fermeté, en perdant, aussi presque tout d'un coup, tant de personnes qui lui étaient chères; mais, madame, j'avoue que j'admire votre courage sans pouvoir encore l'imiter. Je ne mets mon espérance que dans le temps, qui vient à bout de tout ce qu'il y a dans la nature, et qui commence par affaiblir les impressions de notre cerveau pour nous détruire ensuite nous-mêmes.

Je me faisais un objet de joie de mon retour; maintenant je crains Berlin, Charlottenbourg, Potsdam, en un mot, tous les endroits qui me fourniront un funeste souvenir d'amis que j'ai perdus pour jamais. Soyez tranquilles à Berlin; à moins de grands revers, qu'il est impossible de prévoir, je ne vois pas l'ombre de danger, et si le sort n'a pas résolu de nous abîmer, je ne vois point ce qu'il y a à craindre. Je suis, madame, avec la plus sincère estime


Votre très-fidèle ami,
Federic.

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8. A LA MÊME.

(Semonitz) 10 septembre 1745.



Madame,

Vous savez que j'ai perdu un ami que j'aimais autant que moi-même, et dont je vénère encore la mémoire. Je vous prie, par tous les motifs de l'estime que j'ai pour vous, de servir, avec Knobelsdorff, de tutrice à la pauvre Adélaïde,163-a tant pour avoir soin de sa santé et de son jeune âge que de son éducation lorsque le temps en sera. Vous connaissez la grand' mère, et savez qu'elle n'est pas capable d'élever une fille. Comme je désire que celle-ci soit digne de son père, je demande de l'amitié que vous m'avez toujours témoignée que vous preniez ce reste de mon cher Keyserlingk sous votre protection, et que, à présent et dans un âge plus mûr, vous assistiez la mère de vos conseils et la fille de vos soins. Je regarderai cette attention comme si vous l'aviez pour moi-même, et si quelque chose se peut ajouter à l'estime que j'ai pour vous, soyez sûre que ce choix que je fais de vous, et l'assurance que j'ai que vous l'accepterez, vous fera regarder de moi avec encore plus de considération que jamais. Comme vous n'avez presque plus de parents, j'espère que votre bon cœur ne se refusera pas à ce que je lui demande avec la dernière instance et comme une chose qui pourra véritablement me soulager dans mon affliction. Je suis avec toute l'estime possible

Votre fidèle ami,
Federic.

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9. A LA MÊME.

Camp de Semonitz, 13 septembre 1745.



Madame,

Je vois bien que l'humanité se ressemble toute part, et que les mêmes causes opèrent à peu près les mêmes effets sur des corps organisés comme les nôtres. Mais, madame, ne vous imaginez point que l'embarras des affaires et des conjonctures critiques puisse distraire de la tristesse. Je puis dire par expérience que c'est un mauvais remède. Il y a par malheur aujourd'hui quatre semaines de la cause de mes larmes et de mon affliction;164-a mais, depuis la véhémence des premiers jours, je ne me sens ni moins triste ni plus consolé que je l'étais. Enfin, pourquoi vous entretenir, madame, de ma tristesse, comme si j'avais le dessein de vous la communiquer? Suffit que je porte ma peine comme je le puis. Je ne sais point qui peut avoir divulgué le bruit de mon prochain retour; pour moi, j'en ignore entièrement le terme, et, à vous dire le vrai, je ne m'y attends qu'à la fin de novembre ou au commencement de décembre. Je vous prie de ne point oublier la prière que je vous ai faite dans ma dernière lettre, et que je réitère encore avec vivacité, vous priant de me croire avec bien de l'estime

Votre fidèle ami,
Federic.

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10. A LA MÊME.

Camp de Trautenau, 11 octobre 1745.



Ma bonne maman,

Je n'ai jamais douté de la part que vous prenez à tout le bien qui arrive à l'État, pour vous avoir pu croire insensible à la journée du 30.165-a Ma réputation est en vérité la moindre chose dans une occasion où il s'agit des vengeurs de l'État. Tout ce qui me flatte de cette victoire, c'est d'avoir pu contribuer en quelque chose à la conservation de tant de braves gens qui étaient perdus sans une prompte résolution et une manœuvre hardie que je leur ai fait faire. Voilà, ma chère maman, à quoi je suis sensible. Mais ne pensez pas que je voudrais faire blesser le moindre de mes soldats par vanité ou pour acquérir une fausse gloire dont je suis tout détrompé. J'espère d'être à Berlin le 3 du mois de novembre; notre campagne a grand air d'être finie. N'oubliez pas vos amis dans ce petit période, et que j'aie la consolation, à mon retour, de vous trouver en bonne santé et de vous assurer de vive voix de l'estime avec laquelle je serai toujours

Votre fidèle ami,
Federic.

11. A LA MÊME.

Neustadt, 18 novembre 1760.

Je suis exact à vous répondre et empressé à vous satisfaire; vous aurez un déjeuner, ma bonne maman, de six tasses à café bien jolies,<166> bien diaprées, et accompagnées de tous les petits enjolivements qui en relèvent le prix. Quelques pièces que l'on y ajoute en retarderont l'envoi de quelques jours; mais je me flatte que ce délai contribuera à votre satisfaction, en vous procurant un joujou qui, en vous plaisant, vous fera souvenir de votre vieil adorateur.

Il est singulier comme l'âge se rencontre. Depuis quatre ans j'ai renoncé aux soupers, comme incompatibles avec le métier que je suis obligé de faire; et, les jours de marche, mon dîner consiste dans une tasse de chocolat.

Nous avons couru comme des fous, tout enflés de notre victoire, essayer si nous pouvions chasser les Autrichiens de Dresde; ils se sont moqués de nous du haut de leurs montagnes; je suis revenu sur mes pas, comme un petit garçon, me cacher de dépit dans un des plus maudits villages de la Saxe. A présent il faut chasser de Freyberg et de Chemnitz MM. les cercles,166-a pour avoir de quoi vivre et nous placer. C'est, je vous jure, une chienne de vie, que, excepté Don Quichotte, personne n'a menée que moi. Tout ce train, tout ce désordre qui ne finit point, m'a si fort vieilli, que vous aurez peine à me reconnaître. Du côté droit de la tête, les cheveux me sont tout gris; mes dents se cassent et me tombent; j'ai le visage ridé comme les falbalas d'une jupe, le dos voûté comme un archet, et l'esprit triste et abattu comme un moine de la Trappe. Je vous préviens sur tout cela, afin que, en cas que nous nous voyions encore en chair et en os, vous ne vous trouviez pas trop choquée de ma figure. Il ne me reste que le cœur, qui n'est point changé, et qui conservera, autant que je respirerai, les sentiments d'estime et d'une tendre amitié pour ma bonne maman. Adieu.

Federic.

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12. DE MADAME DE CAMAS.

Magdebourg, 25 avril 1761.



Sire,

M. le comte de Finckenstein me demanda une audience particulière à son arrivée; il me montra la belle tabatière dont V. M. a bien voulu le charger pour moi. Pleine de joie, je voulus me jeter dessus; mais il n'eut garde de lâcher prise que je n'eusse écouté ses explications sur le gris de lin, amour sans fin, et sur les petites fleurs nommées Vergissmeinnicht. J'étais comme folle; je répondais à tout cela : Mais ce cher roi, ce bon roi qui veut bien penser à moi! Et voilà en même temps, Sire, tout ce que mon éloquence me fournit pour bien remercier V. M. Je me trouve donc comme noyée dans la volupté; je prends avec délice mon chocolat dans mes belles tasses, et je prendrai du bon tabac dans ma belle boîte. Ce sont des amusements agréables, en attendant ce bonheur tant désiré de voir V. M. face à face, de la dévorer des yeux, et puis de les fermer pour jamais, s'il le faut. Mais cette paix tant désirée, où reste-t-elle donc? Passerons-nous encore un été rempli d'angoisses? Ce n'est pas à V. M. que j'ai l'impertinence de faire ces questions, c'est à moi-même, et c'est un petit soliloque que je fais à tout moment, et où ce que je me réponds n'est pas des plus satisfaisants. Pour éloigner ces tristes idées, je me mets avec toute la soumission, tout l'attachement et toute la reconnaissance possible aux pieds de V. M., dont je serai jusqu'à la fin de ma vie,



Sire,

la plus humble, plus obéissante et plus soumise sujette,
S. Camas.

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13. A MADAME DE CAMAS.

Ce 27 janvier 1762.

Je me réjouis, ma bonne maman, de ce que vous avez si bon courage, et je vous exhorte fort d'en redoubler encore. Tout finit; ainsi il faut espérer que cette maudite guerre ne sera pas la seule chose éternelle dans ce monde. Depuis que la mort a troussé une certaine catin des pays hyperboréens,168-a notre situation a avantageusement changé, et devient beaucoup plus supportable qu'elle n'était. Il faut espérer que quelques bons événements arriveront encore, dont on pourra profiter pour arriver à une bonne paix.

Vous me parlez de Berlin. Je souhaite beaucoup de vous y savoir tous ensemble. Mais je voudrais, si vous y alliez, que ce ne soit pas comme des oiseaux perchés sur une branche, et que vous y puissiez rester avec la dignité convenable. Cela fait que j'attends le moment où je croirai cette sûreté établie sur de bons fondements, pour vous écrire d'y retourner. Si tout ceci finit bien et honnêtement, que je bénirai le ciel de vous revoir, ma bonne maman, et de vous embrasser! Oui, je dis embrasser, car vous n'avez plus d'autre amant dans le monde que moi, vous ne pouvez plus me donner de la jalousie, et je suis en droit d'exiger un baiser pour prix de ma constance et de l'attachement que j'ai pour vous. Vous pouvez vous y préparer. Finette en dira ce qu'elle voudra; elle en pourra sécher de dépit, car, depuis son défunt duc, elle n'a plus de baiseur.

Adieu, ma bonne maman. Pardon des pauvretés que je vous écris; c'est que je suis seul, que j'oublie quelquefois mes embarras, que je vous aime, et que je profite du plaisir de m'entretenir avec vous.

Federic.

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A LA MÊME.

Quartier de Bettlern, 8 juin 1762.

Je suis bien persuadé, ma bonne maman, de la part sincère que vous prenez aux bons événements qui nous arrivent. Le mal est que nous avons été si bas, qu'il nous faut à présent toute sorte d'événements fortunés pour nous relever; et deux grandes paix, qui pourraient rétablir le calme partout ailleurs, ne sont, en ce moment-ci, qu'un acheminement pour finir la guerre moins malheureusement.

Je souhaite de tout mon cœur que le ciel vous conserve jusqu'à ce que je vous puisse voir, vous entendre et vous embrasser. Selon toutes les apparences, vous pourrez redevenir dans peu les tranquilles et pacifiques habitants de Berlin. Pour nous autres, il faudra guerroyer jusqu'à l'extinction de la chaleur naturelle. Il faut pourtant que tout ceci finisse, et la seule perspective agréable qui me reste à la paix est de vous assurer de vive voix de toute la considération et de l'estime avec laquelle je suis, ma bonne maman, votre fidèle ami,

Federic.

15. A LA MÊME.

Péterswaldau, 19 octobre 1762.

Je voudrais pouvoir prendre tous les jours une forteresse,169-a ma bonne maman, pour recevoir de vos aimables lettres. Mais des imbé<170>ciles de commandants m'en perdent souvent d'une façon honteuse; et quand j'ai des empereurs qui me veulent du bien, on me les étrangle.170-a Jugez, après cela, de la jolie situation où je me trouve. Si notre empereur vivait encore,170-b nous aurions la paix cet hiver, et vous pourriez retourner de plein saut dans votre paradis sablonneux de Berlin. Mais le public, qui se flatte, a cru sans raison que la paix suivrait la prise de Schweidnitz. Vous avez peut-être espéré que cela pourrait être; mais je vous assure, autant que j'y puis comprendre, que nos ennemis n'ont encore aucune envie de s'accommoder. Jugez, après cela, s'il serait prudent de retourner à Berlin, au risque de s'enfuir à Spandow à la première alarme.

Vous me parlez de la pauvre Finette.170-c Hélas! ma bonne maman, depuis six ans je ne plains plus les morts, mais bien les vivants. C'est une chienne de vie que celle que nous menons, et il n'y a aucun regret à y donner. Je vous souhaite beaucoup de patience, ma bonne maman, et toutes les prospérités dont ces temps calamiteux sont susceptibles, surtout que vous conserviez votre bonne humeur, le plus grand et le plus réel trésor que la fortune puisse nous donner. Pour moi, ma vieille amitié et l'estime que je vous ai vouée ne se démentiront jamais. Je suis sûr que vous en êtes persuadée. Adieu, ma bonne maman.

Federic.

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16. A LA MÊME.

Meissen, 20 novembre 1762.

Je vous envoie, ma bonne maman, une bagatelle pour vous faire ressouvenir de moi. Vous pouvez vous servir de cette tabatière pour y mettre du rouge, ou des mouches, ou du tabac, ou des dragées, ou des pilules; mais, à quelque emploi que vous la destiniez, pensez au moins, en voyant ce chien, cet emblème de la fidélité, qui y est peint dessus, que celui qui vous l'envoie passe en attachement pour vous la fidélité de tous les chiens de l'univers, et que son dévouement pour votre personne n'a rien de commun avec la fragilité de la matière qu'on fabrique ici. J'ai commandé ici de la porcelaine pour tout le monde, pour Schönhausen, pour mes belles-sœurs; en un mot, je ne suis riche à présent qu'en cette fragile matière. J'espère que ceux qui en recevront la prendront pour bon argent, car nous sommes des gueux, ma bonne maman; il ne nous reste que l'honneur, la cape, l'épée, et de la porcelaine.

Adieu, ma chère et bonne maman. S'il plaît au ciel, je vous verrai encore face à face, et je réitérerai de vive voix ce que j'ai dit; mais, quoi que je fasse, je n'exprimerai que très-imparfaitement tout ce que mon cœur pense sur votre sujet.

Federic.

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17. DE MADAME DE CAMAS.

Magdebourg, 20 novembre 1762.



Sire,

Rien ne pouvait mieux réjouir mon cœur et mes yeux que la gracieuse lettre et la charmante tabatière que je viens de recevoir. V. M. ne doute certainement pas de ma reconnaissance; mais ne me trouvera-t-elle pas trop impertinente d'oser me souvenir qu'elle me donna, il y a plusieurs années, une boîte de tabac d'Espagne, et qu'elle eut la bonté de me dire qu'elle m'en donnerait quand j'en aurais besoin? J'ai si bien ménagé, en n'en prenant que le matin en me réveillant, que j'en ai encore, mais si peu, si peu, que je tremble d'en voir la fin. Or, il me sera impossible de mettre du gros vilain tabac dans cette jolie tabatière. Je ne me sers ni de rouge, ni de mouches, encore moins de pilules, qui ne servent qu'à me brouiller avec mon bon ami Lesser quand il veut que j'en prenne, et qu'il me dit tout crûment que, quand on est gourmande et paresseuse, il faut prendre médecine. Je lui allègue mille raisons pour n'en rien faire, et il me quitte en riant et en haussant les épaules. Mais, pour quitter le chapitre de ma vieille carcasse, je dirai à V. M. que c'est à moi que je dois appliquer la fidélité dont mes jolis petits chiens sont l'emblème; je dois la joindre au parfait attachement et à la reconnaissance que je lui dois. Non, Sire, rien n'égalera jamais la vivacité de mes sentiments à cet égard. C'est V. M. qui me fait vivre, et qui me soutient dans l'état où je suis encore malgré mon âge.

Schönhausen est enchanté et plein de reconnaissance pour la porcelaine qu'elle lui destine; enfin V. M. a le don de faire des heureux. L'on met le plus haut prix à tout ce qui vient de sa main, et quand elle n'aurait, comme elle le dit, que l'honneur, la cape et l'épée, avec une bonne provision de gloire, que la modestie l'a empêchée d'ajouter,<173> elle sera toujours le plus grand roi du monde et l'objet de l'admiration et de l'envie des autres souverains. La longueur de cette lettre m'effraye; je la dois finir en me mettant aux pieds de V. M., dont je serai jusqu'à la fin de mes jours,



Sire,

la plus humble, plus obéissante et soumise sujette,
S. de Camas.

18. A MADAME DE CAMAS.

(Meissen) 27 novembre (1762).

Vous voyez, ma bonne maman, avec quelle activité vous êtes servie. Voici le tabac que vous me demandez. Je souhaite que chaque tabatière vous dure six ans, et que vous viviez jusqu'à ce que vous ayez consumé cette provision.

Nous arrangeons ici nos quartiers d'hiver. J'ai encore une petite tournée à faire, et ensuite j'irai chercher la tranquillité à Leipzig, si elle s'y trouve; mais pour moi ce n'est qu'un mot métaphysique qui n'a point de réalité. Entre nous soit dit, c'est une chienne de vie, ma bonne maman, que celle que nous menons; mais il faut faire bonne mine à mauvais jeu. Adieu, ma toute bonne; ne m'oubliez point. Vous auriez grand tort, car personne ne vous aime et considère plus que je le fais.

Federic.

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19. A LA MÊME.

Ce 3 janvier 1763.

En vérité, ma bonne maman, vous êtes bien experte, et je vous félicite de vous connaître si bien en hydropisie. L'aventure qui vient d'arriver est tout ordinaire; il n'y a point de cour, point de couvent même où cela n'arrive. Moi, qui suis fort indulgent pour les faiblesses de notre espèce, je ne lapide point les filles d'honneur qui font des enfants. Elles perpétuent l'espèce, au lieu que ces farouches politiques la détruisent par leurs guerres funestes. On n'est pas toujours maître de soi; on prend une pauvre fille dans un moment de tendresse, on lui dit de si jolies choses, on lui fait un enfant : quel mal y a-t-il à cela? Je vous avoue que j'aime mieux ces tempéraments trop tendres que ces dragons de chasteté qui déchirent leurs semblables, ou ces femmes tracassières, foncièrement méchantes et malfaisantes. Qu'on élève bien cet enfant, qu'on ne prostitue point une famille, et qu'on fasse sans scandale sortir cette pauvre fille de la cour, en ménageant sa réputation autant que possible.

Nous aurons la paix, ma bonne maman, et je me propose bien de rire entre quatre yeux quand j'aurai le plaisir de vous revoir. Adieu, ma bonne maman; je vous embrasse.

Federic.

20. A LA MÊME.

Leipzig, 22 janvier 1763.

Cinquante et un ans, ma bonne maman, ne sont pas une bagatelle. C'est presque toute l'étendue du fuseau de madame Clotho, qui file<175> nos destinées. Je vous rends grâces de ce que vous prenez part à ce que j'en sois là. Vous vous intéressez à un vieil ami, à un serviteur que ni l'âge ni l'absence ne font jamais changer de sentiments, et qui, à présent, espère avec une espèce de persuasion de vous revoir encore et de vous embrasser, si vous voulez bien le permettre. Oui, ma bonne maman, je crois que vous serez à Berlin avant que Flore ait embelli la terre de ses dons, pour m'exprimer poétiquement; et si je me réjouis sincèrement de revoir quelqu'un dans cette capitale, c'est bien vous; mais n'en dites rien. Ceci n'est pas poétique, et doit s'entendre au pied de la lettre. Que le ciel veille sur vos jours, et vous comble d'autant de bénédictions que votre vertu en mérite! Que je vous revoie en santé, contente et satisfaite, et que vous me conserviez toujours votre amitié! Je ne la mérite, ma bonne maman, que par l'attachement inviolable que j'ai pour vous, et que je conserverai jusqu'au moment que la Parque ennemie coupera ma trame.

Federic.

21. DE MADAME DE CAMAS.

Magdebourg, 5 février 1763.

Je me suis bien doutée, Sire, que Votre Majesté se moquerait un peu de moi, mais qu'elle aurait pitié en même temps de cette pauvre fille, qui ne se croit cependant pas aussi malheureuse que je la trouve. Elle veut aller à Stettin, chez madame de Lepel sa sœur, et elle est trop persuadée que son amant l'épousera d'abord après la paix. La Reine a eu soin de faire mettre l'enfant en nourrice par M. Lesser, qui a soin en même temps de tout ce qu'il faut à l'accouchée. Tout<176> cela se fait sans bruit, personne à la cour n'en parle; mais cela n'empêche pas que chacun ne se le dise à l'oreille en ville. Enfin, malgré la compassion qu'elle me fait, je dois pourtant avouer que nous sommes heureuses d'en être quittes; son caractère ne vaut rien, et son trop grand penchant à l'amour est, à mon avis, le moindre de ses défauts.

22. A MADAME DE CAMAS.

Dahlen, 6 mars 1763.

Je vous reverrai donc, ma bonne maman,176-a et j'espère que ce sera vers la fin de ce mois ou au commencement d'avril, et j'espère de vous trouver aussi bien que je vous ai quittée. Pour moi, vous me trouverez vieilli et presque radoteur, gris comme mes ânes, perdant tous les jours une dent, et à demi écloppé par la goutte; mais votre indulgence supportera les infirmités de l'âge, et nous parlerons du vieux temps.

Voilà notre bon margrave de Baireuth qui vient de mourir.176-b Cela me cause une véritable peine. Nous perdons des amis, et les ennemis paraissent vouloir durer en éternité. Ah! ma bonne maman, que je crains Berlin et les vides que j'y trouverai!176-c Mais je ne penserai qu'à vous, et je me ferai illusion sur le reste. Soyez persuadée du plaisir<177> que je me fais de vous assurer de vive voix de la véritable estime et de l'amitié que je vous conserverai jusqu'au tombeau. Adieu.

Federic.

23. A LA MÊME.

Le 9 juillet (1764).

Ma bonne maman, votre lettre et votre souvenir m'ont fait un véritable plaisir, parce qu'ils sont des marques que votre santé va mieux. On m'assure qu'il n'y a aucun danger, et que vous vous remettrez tout à fait. Ma sœur177-a va arriver dans une heure d'ici. Je vous avoue que cela me fait grand plaisir. Nous allons promettre le grand neveu. Son amour est aussi froid que toute sa personne; mais que vous importe? Tâchez, ma bonne maman, à mettre le nez à l'air. Le grand air est la souveraine médecine; il vous remettra du baume dans le sang, et vous guérira tout à fait. Pour moi, je m'y intéresse sincèrement. Vous connaissez mon vieux cœur, qui est toujours le même, et qui est fait pour vous aimer tant qu'il existera. Adieu, ma bonne maman; ayez bien soin de vous remettre, et ne m'oubliez pas.

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24. A LA MÊME.

(Juillet 1764.)

Je montrerai votre lettre, ma bonne maman, à ma sœur, qui sera charmée de ce que vous pensez à elle. Je regrette, à la vérité, de ne point jouir ici de votre présence; mais je trouve que vous avez grande raison de vous ménager, et, dans le fond, je pourrais fort peu profiter ici de votre aimable compagnie, car nous sommes comme dans une diète générale du Saint-Empire romain, environnés de trente princes et princesses; et d'ailleurs mes infirmités m'empêchent d'assister à tous les banquets. Je me trouve aux grandes solennités, et je tâche de prendre quelque repos entre deux. Le vieux baron178-a insulte à mes jambes estropiées; il a couru avec le prince Frédéric à qui se devancera. Pour moi, qui me traîne à cloche-pied, à peu près comme une tortue, je vois la rapidité de leur course ainsi qu'un paralytique qui assisterait à un ballet de Denis.

Bonsoir, ma bonne maman; j'espère de vous revoir quand mes jambes me reviendront, et que je pourrai grimper les escaliers du château qui mènent à votre paradis. Je suis à jamais le plus ancien de vos adorateurs,

Federic.

<179>

25. DE MADAME DE CAMAS.

Le 30, à sept heures du soir.



Sire,

Je me crois obligée d'apprendre à Votre Majesté que, depuis quelques jours, la Reine se trouve très-malade. C'est une fièvre continuelle, accompagnée de fortes oppressions. Il a paru hier des rougeurs que M. Lesser nomme le Friesel. Je joins ici un petit mémoire qu'il croit que V. M. comprendra mieux que ce que je pourrais lui dire. Si elle voulait avoir la bonté d'ordonner à M. Cothenius de venir ici, je serais plus tranquille. Il doit d'ailleurs être déjà au fait de ce qui concerne l'état de la Reine, puisque M. Lesser lui en a fait le rapport tous les jours. Dans l'inquiétude où je suis, je ne puis que me dire avec toute la soumission possible,



Sire,

de Votre Majesté
la plus humble, plus obéissante et, plus soumise sujette,
S.-C. de Camas.

26. A MADAME DE CAMAS.

J'espère, ma bonne maman, qu'il n'y a pas de danger à craindre pour la Reine; les ébullitions de sang ne sortent que par des accès de fièvre violents, et tout ce que le médecin écrit est conforme à l'allure ordinaire de ces sortes de maladies, qui ne se peuvent guérir que par<180> une transpiration abondante. Il faut boire beaucoup de thé, se tenir chaudement; avec cela, le temps guérit sans médecine. Voilà, ma bonne maman, une bordée de médecine que je vous lâche. Je souhaite que ni vous ni personne de mes amis n'en ayez besoin, car il est toujours fâcheux de souffrir. Conservez-vous, ma bonne maman, pour la consolation de vos amis, à la tête desquels je me flatte d'être compté. Adieu; je vous embrasse.

Federic.

27. DE MADAME DE CAMAS.

Le 1er novembre, à sept heures du soir.



Sire,

Votre Majesté est certainement plus habile médecin que le bon Lesser, quoique dans sa recette il n'y ait pas un mot de grec ni de latin; mais sa lettre a causé une satisfaction infinie à la Reine, dans les yeux de laquelle j'ai vu pour la première fois un peu de vivacité. L'ébullition est des plus fortes; j'y soupçonne même du pourpre, quoique le médecin veuille adoucir le terme. Il suit absolument les idées de V. M., ne donne point de médecine, et fait prendre beaucoup de thé à la Reine, en la faisant tenir au lit dans une transpiration égale. Je l'ai prié de mettre ses idées sur le papier ci-joint. Je ne connais point les termes de l'art, et je ne me fie pas à mes lumières. L'inquiétude où je suis me fait peut-être envisager les choses du mauvais côté; je ne puis être tranquille que quand la fièvre et l'oppression seront passées.

A l'égard de ma santé, que V. M. a la bonté de me recommander, je prendrai la liberté de lui dire que, depuis la ceinture en haut, cela<181> va assez bien, mais que mes jambes ont souvent de la peine à me soutenir. C'est une vieille maison dont les fondements s'écroulent. J'espère cependant que, avant de tomber, j'aurai encore le bonheur de faire quelquefois une belle révérence à V. M., et de l'assurer de tout le respect et l'attachement imaginable.

V. M. me permettra, j'espère, de lui donner des nouvelles de la Reine jusqu'à son rétablissement.

S.-C. de Camas.

28. A MADAME DE CAMAS.

(17 ou 18 novembre 1765.)

181-aJe vous suis bien obligé, ma bonne maman, de la part que vous prenez à la perte que nous venons de faire. C'est une perte pour tous les honnêtes gens, car ma sœur était une personne véritablement vertueuse. J'ai su, il y a longtemps, que les hommes sont mortels; j'ai été témoin que sa santé menaçait ruine : mais cela n'empêche pas, ma bonne maman, que je ne sente vivement la privation d'une sœur que la mort m'a arrachée comme des bras. La nature, une tendre amitié, une estime véritable, tous ces sentiments réclament leurs droits, et je sens, ma bonne maman, que je suis plus sensible que raisonnable. Mes larmes, mes regrets sont inutiles; cependant je ne saurais les supprimer. Notre famille me semble une forêt dont un ouragan a renversé les plus beaux arbres, et où l'on voit de distance en distance quelque sapin ébranché qui paraît ne tenir encore à ses<182> racines que pour contempler la chute de ses compagnons, et les dégâts et les ravages qu'a faits la tempête. Je souhaite, ma bonne maman, que ce souffle de la mort se détourne de vous, que nous vous conservions longtemps, et que je puisse encore souvent vous réitérer les assurances de mon ancienne et fidèle amitié.

Federic.


158-a De la main du Roi.

159-a Allusion à la bataille de Hohenfriedeberg, livrée le 4 juin.

159-b Voyez t. III, p. 130. Jean-Ernest de Hobeck était colonel du régiment d'infanterie du duc de Brunswic-Bevern, no 7.

162-a M. Jordan et le baron de Keyserlingk. Voyez t. VII, p. 3-10, t. X, p. 24, t. XI, p. 36, 102, 106 et 134, et t. XVII, p. 321.

163-a Fille unique du baron de Keyserlingk. Voyez J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse mit seinen Verwandten und Freunden, p. 109 et 110.

164-a Le baron de Keyserlingk était mort le 13 août. Voyez t. XI, p. 106.

165-a La bataille de Soor.

166-a Voyez t. XII, p. 80 et 82.

168-a Voyez t. V, p. 174, et t. XIV, p. 199.

169-a Allusion à la prise de Schweidnitz, le 9 octobre 1762.

170-a Voyez t. V, p. 214 et 215.

170-b Pierre III, empereur de Russie, mourut le 17 juillet 1762.

170-c Madame de Camas dit dans sa lettre au Roi, Magdebourg, 12 octobre 1762 : « Je suis persuadée, Sire, que Votre Majesté aura pris quelque part à la mort de mademoiselle de Tettau, qui a souffert si longtemps avec tant de fermeté, sans qu'il parût le moindre changement dans son esprit ni dans son humeur. » Auguste-Marie-Bernardine, fille du lieutenant-colonel Charles de Tettau, et dame d'atour de la Reine, était née à Stettin le 2 décembre 1721. C'est elle que le Roi surnommait Finette. Voyez t. XVII, p. 240 et 271, et ci-dessus, p. 168.

176-a Madame de Camas, de retour de Magdebourg à Berlin, avait écrit au Roi, le 3 mars : « J'avoue que je fus ravie de me trouver au château, où j'arrivai excédée de toutes les entrées et des harangues que la Reine avait essuyées sur la route, et qui retardaient à tout moment notre marche. »

176-b Le margrave Frédéric, beau-frère du Roi, mort le 26 février 1763.

176-c Voyez la lettre de Frédéric au marquis d'Argens, du 25 février 1763.

177-a La duchesse Charlotte de Brunswic.

178-a Le baron de Pöllnitz. Voyez t. XI. p. 12, et t. XIII, p. 18.

181-a Cette lettre est la réponse à celle que madame de Camas avait écrite au Roi, le 16 novembre, à l'occasion de la mort de la margrave Sophie, décédée à Schwedt le 13. Voyez t. I, p. 200, et t. X, p. 173.