<120> corps, et de différents côtés, pour voir si l'ennemi prenait l'alarme, et s'il était réellement convaincu que le Roi n'agirait point offensivement. Il parut, à leurs démarches, qu'ils s'étaient persuadé que le Roi ne voulait point entrer en Bohême, car ils ne faisaient que replier leurs postes avancés. Nos corps revenaient aussi sur leurs pas, ce qui acheva de leur donner le change. Après les avoir ainsi préparés, le Roi quitta, le 20 d'avril, son quartier de cantonnement, et donna le même ordre à toutes les troupes; le 21, son armée se trouva rassemblée à Ottendorf, sur les frontières de Bohême. Le maréchal de Schwerin était entré, de son côté, le 18 en Bohême, dirigeant sa marche sur Jung-Bunzlau, où les ennemis avaient un de leurs plus grands magasins. Le duc de Bevern pénétra en même temps par la Lusace, du côté de Friedland et de Zittau, le prince Maurice du côté d'Éger. Le duc de Bevern devait joindre le maréchal de Schwerin; mais, avant de le joindre, il gagna sur le comte de Königsegg une bataille auprès de Reichenberg. Le prince Maurice joignit le Roi, qui marcha à grandes journées, poussant toujours l'ennemi devant lui. Rien ne résista aux gorges. Nous avions cru être arrêtés au passage de l'Éger; mais le Roi fit une marche de nuit, et ses ponts furent jetés, et la moitié de son armée de l'autre côté, que l'ennemi n'en savait rien. Le maréchal Browne se retira assez vite. On s'était flatté qu'ils attendraient le Roi sur le Weissenberg, poste très-avantageux sous le canon de Prague; mais nous trouvâmes qu'ils avaient passé la Moldau. Il fallut encore passer cette rivière. Le Roi prit vingt bataillons et quelques escadrons avec lui, et fit jeter un pont. On passa sans résistance. Le Roi avait fait ordonner au maréchal de Schwerin de le joindre de l'autre côté de la Moldau. Le 6 de ce mois, il joignit le Roi de grand matin. On reconnut le camp des ennemis, et le Roi, voyant bien qu'il était inattaquable par son front, ordonna au maréchal de Schwerin de marcher par sa gauche, et de faire en sorte de tourner les ennemis et de leur gagner le flanc. Le maréchal marcha,