<108> d'un petit quartier de Venise. J'avoue, Sire, qu'il a été bien douloureux pour moi d'avoir été si longtemps éloigné de V. M. pour être confiné à Padoue. Ce n'est pas un moindre sujet de chagrin pour moi, Sire, de voir que je ne saurais sortir du régime et de la vie médicale sans traîner une vie languissante qui éteint la parcelle du feu divin qui est en nous, et sans essuyer de ces incommodités qui sont pis que les maladies :

..... quid enim? concurritur : horae
Momento cita mors venit, aut victoria laeta.a

Quoique l'aisance entière dont je jouis ici, et l'air natal, commencent à me faire ressentir quelque bénéfice, mon cœur vole aux pieds de V. M. J'y serai bientôt moi-même, et seconderai ses mouvements. V. M. verra elle-même et jugera mon état. Je crains bien, Sire, que V. M. ne saura que faire d'un homme qui ne peut être, pour ainsi dire, au ton des autres. Ce qui doit me consoler en toute chose, c'est que je suis attaché non pas à un homme roi, mais à un roi homme, comme a dit M. Chesterfield de V. M.

J'attends toujours après les ordres dont V. M. voulait me charger touchant les agates, et serai charmé de savoir si les boutargues ont réussi, afin d'en commander et d'en avoir toujours de la même espèce.


a Horace, Satires, liv. I, sat. I, v. 7 et 8.