2. AU MÊME.

Ber ... (avril 1733).



Mon très-cher ami,

Si jamais j'ai été affligé, cela a bien été en apprenant votre malheureux sort. Je crois que vous me connaissez assez pour me rendre la justice de me croire innocent de votre malheur. Aussi le suis-je véritablement. Je me suis donné bien des mouvements, la plupart inutiles, pour vous tirer de votre triste situation, et à présent j'ai le plaisir de vous dire que le bon Dieu a béni mes soins,299-a et que, dans trois se<300>maines pour le plus, vous sortirez non seulement de votre prison,300-a mais que je vous fais avoir une pension annuelle de quatre cents écus. Je ne m'en tiendrai pas là, et, tant que je vivrai, je m'emploierai avec tout mon crédit et avec tout mon pouvoir pour vous rendre heureux, car je suis toujours le même à votre égard, et j'espère d'avoir occasion de montrer un jour à mon cher Jandun que je suis son ami plus par les actions que par les paroles. Adieu; à nous revoir.

Frederic.

Je vous envoie quelque peu de chose pour votre subsistance, que je vous prie d'accepter; une autre fois, quand je serai mieux rangé, je ferai davantage. Aimez-moi toujours.


299-a Voyez t. XVI, p. 31, 34, 35, 55, 56, 60 et 80.

300-a M. Duhan avait été relégué à Memel à cause du dévouement qu'il avait témoigné au Prince royal lorsque celui-ci avait encouru la disgrâce du Roi son père. Voyez t. VII, p. 12.