<7> vous plaît de lui donner. Il n'y a qu'à penser librement pour en faire tout autant; le secret n'est pas bien grand, et je crois, pour peu qu'une personne eût connaissance des affaires de l'Europe, qu'elle en ferait autant, et qu'elle le ferait mieux. Je me sens né avec à peu près les mêmes inclinations que les respectables habitants de Cirey, à cette différence près que ce fruit qui mûrit si bien chez vous ne réussit pas de même chez moi. Je voltige de la métaphysique à la physique, de la morale à la logique, à l'histoire, de la musique à la poésie. Je ne fais qu'effleurer tout, sans réussir en rien. Votre exemple, madame, me servira toujours d'aiguillon pour me faire courir après cette gloire que vous avez acquise à si juste titre. Le plus grand plaisir que puisse goûter un être qui pense est, selon moi, celui de faire du bien, et, après, celui d'acquérir des connaissances; et les obstacles qu il nous faut vaincre pour acquérir ces connaissances font encore un plaisir nouveau. Vous connaissez trop ce plaisir pour que je vous en parle davantage; mais peut-être ne connaissez-vous point celui qu'on prend à vous écrire. Il est cause que les lettres s'allongent quelquefois plus qu'il ne faudrait. Je ne crois pas devoir vous en faire des excuses; je dois seulement vous prier de me croire avec tous les sentiments qu'inspire un mérite d'un caractère aussi distingué que le vôtre, etc.

4. DE LA MARQUISE DU CHATELET.

Cirey, 29 décembre 1738.



Monseigneur,

Les louanges dont Votre Altesse Royale a daigné honorer l'Essai sur le feu, que j'ai eu l'honneur de lui envoyer, sont un prix bien au-dessus de mes espérances. J'ose même espérer, monseigneur, qu'elles