<302> présentent devant lui. Je veux dire que, n'osant être ce que la nature l'a fait, il est malheureusement soumis à la triste nécessité de se conformer à la bizarrerie des objets qui se présentent devant lui ..... ..... J'en dis trop, et j'en dirais encore davantage en parlant à un fidèle ami, si je ne me ressouvenais du précepte du sage, qui veut que l'on mette un sceau à sa langue. Adieu, mon cher, jusqu'au temps où je pourrai vous revoir et vous parler sans peur et sans crainte, et où je vous réitérerai l'assurance de ma parfaite estime, et comme je suis tout à vous.

Frederic.

5. AU MÊME.

Remusberg, 2 octobre 1736.



Mon cher Duhan,

A moins que d'avoir des occasions aussi sûres que celle-ci, je n'oserais me hasarder à vous écrire. J'espère que vous me connaissez assez pour ne me point soupçonner de légèreté, ni pour me croire capable d'oublier la reconnaissance que je dois à un homme d'honneur et de probité qui a employé toute la sagacité de son esprit à m'élever et à m'instruire. Je me ressouviens sans cesse de l'illustre témoignage qu'Alexandre le Grand rend à son maître, en déclarant qu'il lui était, en un certain sens, plus redevable qu'à son père même. Je me reconnais beaucoup inférieur à ce grand prince, mais je ne crois pas indigne de moi de l'imiter dans ses bons endroits. Permettez-moi donc, mon cher Duhan, que je vous dise la même chose. Je ne tiens que la vie de mon père; les talents de l'esprit ne sont-ils pas préférables?