<276>munique point ce secret, et fais travailler cet artiste pour ton arsenal. A la première dispute littéraire qui te surviendra, braque ta grosse artillerie contre ton adversaire, et crie-lui : Ultima ratio Jordani!

Je suis ici depuis quelques jours; je ne vois que des remparts, je n'entends que le tonnerre des fusils, je ne me promène que dans des mines, et je ne respire que du soufre. Que peux-tu attendre de moi, sinon une lettre bien martiale? Cependant je compte de retrouver à Berlin des plaisirs plus doux et d'y souper gaiement entre Mécène-Jordan et Pollion-Césarion. Adieu, mon ami; profite du temps, car il s'envole.

Federic.

172. AU MÊME.

Potsdam, 20 août 1743.

Federicus Jordano, salut. Fais-moi venir des quinze espèces de figues de Marseille, savoir, en tout quatre cents figuiers, tous en caissons et tous en état de porter du fruit la même année. Cependant je souhaiterais plus de figuiers verts que des autres. Je voudrais aussi que l'on m'envoyât trois cents ceps de vigne qui soient tous en état de porter du fruit la seconde année; pour ceux-là, il faudrait les faire partir cet hiver, très-bien empaquetés cependant. Je t'envoie, d'ailleurs, l'étiquette des choses et raretés provençales que je souhaiterais avoir. J ai fait un article de gazette pour Berlin, où Poitier est tympanisé de la belle manière.a J'ai déjà écrit pour avoir un autre maître de ballets, et j'en aurai assurément un moins fou, car il est impossible de l'être plus que Poitier. Je suis bien aise d'être défait de cet extra-


a Voyez t. XV, p. 219, et ci-dessus, p. 260.