<173> encore jusqu'à la plus haute élévation. Ces mouvements si violents de l'âme ne sont pas ce qu'il faut aux philosophes; car, quoi qu'on dise, il est bien difficile d'être indifférent à des fortunes diverses et de bannir la sensibilité du cœur humain. Vainement veut-on paraître froid dans la prospérité et n'être point touché dans l'affliction : les traits du visage peuvent se déguiser, mais l'homme, l'intérieur, les replis du cœur, n'en sont pas moins affectés. Tout ce que je désire pour moi, c'est que les succès ne corrompent point l'humanité et ces vertus dont j'ai toujours fait profession. J'espère et je me flatte que mes amis me retrouveront toujours tel que j'ai été, quelquefois plus occupé, rempli de soucis, inquiet, surchargé d'affaires, mais toujours prêt à les servir, et à vous prouver surtout que je vous estime et vous aime de tout mon cœur. Adieu.

104. DE M. JORDAN.

Berlin, 18 mars 1742.



Sire,

Enfin, madame la comète a fait un tour de son métier; elle a causé la mort du cardinal de Fleury, qui est enfin allé faire visite à l'autre monde. Une de ses camarades avait déjà rendu le même service au monde à la mort de Mazarin. Cette importante nouvelle amuse infiniment MM. les nouvellistes politiques, et leur fournit ample matière à réflexions. On est impatient de savoir qui lui succédera, si le gouvernement de l'État sera confié au cardinal Tencin, fin renard, s'il en fut jamais, créature des jésuites, qui, pour le malheur du genre humain, influent beaucoup sur les événements. On croit que cette mort changera le système présent de l'Europe, que Chauvelin pour-