<124>Tu ne me dis pas le mot du cher Césarion, et tu ne me parles que de ton chien de libraire et de son fichu livre.

Nous nous battrons trois fois, livrerons quatre assauts, et engagerons cent escarmouches; après quoi tu me reverras, humble Gamaliel,a aux pieds de Paul Jordan, apprendre de toi la sagesse et l'art de la paix.

Adieu, cher ami. Ménage-toi; pense, je t'en prie, à la part que prennent à ta santé les demoiselles du Werder et de la Ville-neuve. Salut.

65. DE M. JORDAN.

Breslau, 3 juin 1741.



Sire,

La lettre qu'il a plu à Votre Majesté de m'accorder peut me garantir contre dix jours de tristesse. Vous savez guérir tous les maux plus efficacement que le roi de France ne guérit les écrouelles. M. le baron ne manquera pas de vous envoyer les vers; il y est doublement intéressé. Césarion est arrivé à Berlin en bonne santé; il a fait le voyage en quatre jours. On va toujours vite quand on va où la tranquillité règne; c'est ce que j'écris à M. de Keyserlingk, lui qui regarde comme un malheur de ne pas voir de ses yeux les effets tristes de la guerre.

La lettre de V. M. me fait frémir; trois batailles, quatre assauts, cent escarmouches ne font pas trembler Jordan, mais ils épouvanteraient le diable.

Vous aimez le bruyant tumulte
De Bellone et du champ de Mars;


a C'est saint Paul qui est aux pieds de Gamaliel, Actes des apôtres, chap. XXII, v. 3.