9. A ROLLIN.

Berlin, 4 juillet 1739.



Monseigneur Rollin,

J'ai vu par votre lettre que vous m'envoyez le second tome de votre Histoire romaine. Je ne doute point que ce nouvel ouvrage ne ré<260>ponde aux excellentes productions que nous avons de votre plume, et à l'idée avantageuse qu'en a le public.

La carrière que vous courez vous donne le droit de faire la leçon aux souverains; vous pouvez leur faire entendre la voix de la vérité, que la flatterie rend inaccessible au trône; il vous est permis de fouetter le vice ceint du diadème, sur le dos des tyrans et des monstres dont fourmillent les annales de l'univers, et de corriger d'une manière indirecte ceux dont le rang fait respecter jusqu'aux défauts. Je souhaite, pour le bien de l'humanité, que vous puissiez rendre les rois hommes, et les princes citoyens; je suis sur que ce serait la plus belle récompense de vos peines, et peut-être le plus digne salaire que jamais historien ait obtenu.

Je vous prie de croire que je m'intéresse vivement à votre gloire, et que je ne suis pas moins charmé de vos ouvrages que je me réjouis de l'état vigoureux et robuste de votre santé.

Veuille le ciel prolonger des jours dont vous faites un usage si salutaire, et vous combler de toutes les bénédictions que je vous souhaite!

Je suis,



Monseigneur Rollin,

Votre très-affectionné
Federic.