<III> le miroir le plus fidèle, il est vrai, du grand capitaine, du souverain et du père de la patrie et de ses sujets, serait l'objet de recherches toutes spéciales et étrangères à notre but.

Il est bien remarquable que la correspondance de Frédéric avec beaucoup de personnes qui lui étaient chères ou dont la société lui était agréable ne renferme que des lettres qui roulent presque exclusivement sur les affaires et la guerre. Tel est le cas, entre autres, de celles qui ont été adressées au feld-maréchal Keith et au président de Maupertuis. C'est pour cette raison que nous ne pouvons publier ici certaines collections de lettres familières et amicales échangées entre Frédéric et plusieurs hommes célèbres de sa connaissance et de son entourage. Ces lettres, écrites par un conseiller de Cabinet, soit sous la dictée, soit seulement selon les idées du Roi, n'étaient que signées par celui-ci.

Frédéric met la date au haut de ses lettres, à droite, souvent incomplète, c'est-à-dire simplement le jour, sans y ajouter le lieu ni l'année; il n'est pas rare qu'il l'omette entièrement. Ses ordres de Cabinet portent la date très-complète, toujours au bas de la page, à gauche. Ses lettres sont ordinairement autographes d'un bout à l'autre; ses ordres de Cabinet sont toujours de la main d'un secrétaire, et finissent par la formule du roi Henri IV : « Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde. » Cette formule termine de même presque toutes les lettres de Frédéric à d'Alembert, ainsi que quelques réponses au comte Algarotti, par exemple celles du 5 mai 1750, du 20 février et du 6 août 1761, du 30 décembre 1760 et du 1er juin 1764 Dans ses réponses à Voltaire, il fait usage de ces mots quand il est mécontent de lui, et qu'il lui l'ail écrire par son secrétaire; telles sont les lettres du 16 mars 1753 et du 16 mars 1754, du 7 et du 13 août, du 1er et du 13 septembre, et du 25 novembre 1766. En tous cas, quand on trouve la formule dans une lettre de Frédéric, on peut en conclure que cette lettre a été expédiée en copie, comme celles à d'Alembert, ou même seulement minutée d'après ses idées. Quand il fait écrire à ses parents ou à ses amis, il aime à ajouter quelques mots de sa main, tout comme il joint souvent à ses ordres de Cabinet un post-scriptum ou une note marginale. Le Roi a signé ses lettres ou ordres de Cabinet en français : Frideric, jusqu'au mois d'avril 1732; depuis ce temps jusqu'au 1er juin 1737, Frederic, sans accents, et Federic à partir de cette dernière époque.