<88> la jalousie est le guide. Et ce que je crois, c'est que l'on a fait accroire au Roi que je voulais empiéter sur son autorité, et Dieu sait que l'on me fait grand tort, car une vie tranquille et paisible m'est beaucoup plus agréable que d'être chargé du poids des affaires. Je lui souhaite une longue vie, et je vous assure qu'en cela je dirai toujours comme feu le Dauphin, qui expliqua une fois dans le conseil les sentiments qu'il avait envers le grand Louis, son père. « Je souhaite, disait-il, que je puisse toujours l'appeler le Roi mon père, » ce digne fils voulant marquer par là que la vie de son auguste père lui était plus à cœur que la gloire du trône. Je finis, mon cher ami, ma lettre et mes réflexions, en vous assurant que l'amitié et l'estime que j'ai pour vous ne finiront qu'avec ma vie, étant avec une particulière considération et un sincère attachement, etc.

Frederic.

Je suis ravi de la bonne nouvelle que vous me mandez touchant une certaine personne de Vienne.

34. AU MÊME.

Ruppin, 8 mars 1733.



Mon très-cher ami,

Je vous rends mille grâces de la vôtre, et j'avoue que j'ai été fort surpris touchant ce que vous me dites du lieutenant-colonel Bredow. C'est la première nouvelle que j'en apprends, et j'avoue que je ne connais ni de vue ni d'aucune façon cet honnête homme-là. Je vous prie donc de me faire savoir si la chose est sûre, et en qualité de quoi il doit m'appartenir, et de me donner du moins une idée de son caractère. Nous sommes ici comme des souris tapies dans leurs sombres