<426>dente en conséquence de laquelle j'avais différé certaines démarches dans l'attente prochaine du grand événement qui doit les rendre superflues.

Je ne sais, monseigneur, ce que je dois le plus des deux, ou m'affliger ou me réjouir de la question que vous me faites, dans votre dernière et gracieuse lettre, au sujet de mes sentiments envers V. A. R.; car si, d'un côté, j'y reconnais avec des transports de joie la constance de ceux dont le plus digne prince du monde daigne m'honorer, ne dois-je pas m'affliger au fond de l'âme de ce que ce même prince semble douter de la constance des miens? Mais, tout comme je ne dois sans doute regarder cette tournure de vos expressions que comme une manière toute pleine de délicatesse et de sentiment dont il vous plaît me témoigner la constance de vos faveurs, je vous prie aussi, monseigneur, de regarder l'incapacité où je me sens d'exprimer à V. A. R. tout ce que j'aurais à lui répondre sur ce sujet comme l'assurance la plus sincère et la plus énergique des sentiments inaltérables de respect et de dévouement que mon cœur lui a voués, et que je désire pouvoir lui témoigner par mes services jusqu'au dernier moment de ma vie, attendant avec la plus vive impatience l'époque où je me verrai rappelé auprès d'elle pour n'en être plus séparé que par la mort.

J'ai remis, monseigneur, votre lettre au duc de Courlande, et il me remettra sa réponse. Cette attention de V. A. R. lui a fait un plaisir infini. M. de La Chétardie marquera lui-même à V. A. R. combien il a été sensible à l'honneur de son souvenir.

Comment vous exprimer, monseigneur, toute la joie et toute la reconnaissance dont m'a pénétré l'adorable portrait de V. A. R.? Non, je ne me souviens pas que jamais rien au monde m'ait fait un plaisir aussi sensible et aussi vrai que ce gracieux témoignage de vos faveurs. En le recevant, j'ai senti qu'il ne me restait à désirer que des ailes pour aller me jeter aux pieds de V. A. R., pour lui témoigner