<375>ronnées. Ils ont leurs raisons de politique, que vous n'avez pas; ainsi le Duc sera bien plus sensible à votre attention, qui le flattera agréablement de l'espérance d'acquérir un jour votre amitié, qu'il mérite par bien des endroits.

Pour le coup, vous n'aurez pas lieu, monseigneur, de vous plaindre de la brièveté de cette lettre; il y en a, je crois, de reste pour pousser à bout toute constance moins à l'épreuve que la vôtre. Je me hâte donc de finir, et, pour mettre le sceau à tout ce que cette lettre vous apprendra de mon zèle à vous servir, agréez que je vous réitère les assurances du tendre respect et du parfait dévouement avec lequel je serai jusqu'au dernier moment de ma vie, etc.

61. A M. DE SUHM.

Remusberg, 15 novembre 1737.



Mon cher Diaphane,

Un ancien a dit une fois qu'il n'y avait aucun bonheur parfait dans ce monde, et c'est de quoi je m'aperçois tous les jours. Je vis en paix et en repos, j'ai le bonheur d'avoir des amis que j'aime sincèrement, et dont je suis sincèrement aimé. Mais le malheur est que je puis si peu jouir de ces amis, que la plupart sont si éloignés de Remusberg, que les correspondances vont si mal, qu'il faut tant de circuits jusqu'à ce que leurs nouvelles me parviennent, et, en un mot, que, ayant le plaisir de me dire que j'ai de vrais amis, j'ai en même temps le chagrin de ne les pouvoir posséder.

Je ne reçois que toutes les six semaines, et quelquefois seulement tous les deux mois, de vos lettres; et quoiqu'elles me causent toujours beaucoup de joie, elles ne sauraient cependant me consoler de