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6. AU MÊME.

Berlin, 26 décembre 1732.



Mon très-cher ami,

Je ne saurai jamais assez vous remercier, mon très-cher général, des peines que vous vous êtes données pour moi dans tant de différentes occasions qui se sont présentées. Je vous prie instamment de vouloir bien témoigner à S. M. I. l'obligation et la reconnaissance que j'ai envers elle de toutes les bontés qu'elle m'a témoignées. Principalement, je ne saurai jamais trouver de termes assez vifs pour marquer le plaisir particulier que j'ai eu du relâchement du pauvre Duhan; c'est une action qui était vraiment digne de la magnanimité et de la générosité de l'Empereur. Je prends tout le bien que l'on fait à ce pauvre malheureux comme si l'on me le faisait, et je puis vous assurer, monsieur, que je me ferai une loi d'en témoigner dans toutes les occasions, et autant que mon devoir le permet, l'attachement et la haute vénération que j'ai pour la personne de l'Empereur, et cela, plus par rapport à ses éminentes qualités que par égard à la hauteur de son rang. Mais, monsieur, il nous reste encore une partie à soulager; ma chère sœur de Baireuth, qui est dans une très-triste situation, me ronge le cœur et l'âme. Pour l'amour de Dieu, s'il y avait moyen d'améliorer son sort auprès du Roi! Elle a des promesses très-avantageuses de sa propre main, mais tout reste là. Du reste, je vous supplie de croire que je ne cesserai jamais de reconnaître en particulier les bons offices que vous me rendez, monsieur, et que, dans toute occasion, je me ferai une vive joie de vous témoigner comme je suis avec une parfaite et sincère estime,



Monsieur mon très-cher général,

Votre très-affectionné, très-fidèle ami et serviteur,
Frederic.