<293> quelque mérite à l'occasion de cette traduction, qui n'en aura elle-même pas d'autre que celui qu'elle reçoit de l'honneur d'être approuvée de V. A. R., honneur qui lui suffit bien aussi, et qui est le seul auquel j'aspire de la rendre digne.

La manière dont V. A. R. veut bien me faire sentir qu'elle entend la proposition de la contradiction est pour moi des plus gracieuses; et c'est par la même raison que toute l'Europe comprendra que V. A. R. ne peut être autre qu'elle n'est, et qu'ainsi elle est nécessairement le plus digne prince du monde. Elle me permettra, avec toute sa modestie, de lui dire ceci dans le style de Wolff, qui se pique moins de finesse et d'élégance que de justesse de pensée, et surtout de vérité.

Je suis, etc.

18. A M. DE SUHM.

Ruppin, 6 juin 1736.



Mon très-cher Diaphane,

Quel bonheur quand, au milieu d'un orage que l'on ne connaît pas, on est endormi dans les bras de la sécurité et du repos! Voilà précisément le cas où je me suis trouvé. Quoi! mon cher Suhm, vos jours, qui me sont d'un prix infini, ont été menacés! Quoi! une mort prématurée aurait porté obstacle aux effets de ma reconnaissance et à l'efficace de mes bonnes intentions! Non, le ciel, qui aime et qui commande les devoirs de la vertu, ne m'a pas voulu ôter une occasion d'être reconnaissant. Vivez, mon cher Suhm, vivez, puisque le ciel le permet; vivez pour vos amis, qui, par le véritable attachement qu'ils ont pour vous, ne pourraient soutenir l'atterrante pensée d'être séparés de vous. J'avoue et je comprends que vous n'aviez à vous attendre, au dernier période où vous touchiez, qu'aux récompenses dont le ciel couronne la vertu, et qu'ainsi, par rapport à vous-même,