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4. DE ROLLIN.

4 mai 1737.



Monseigneur

Souffrez que j'aie l'honneur de présenter à Votre Altesse Royale le onzième volume de mon Histoire ancienne. Le bon accueil qu'elle a fait à ceux qui l'ont précédé me fait espérer qu'elle voudra bien encore recevoir favorablement celui-ci. Je souhaite fort, monseigneur, qu'il soutienne auprès de vous la réputation de ses aînés. Je me trouve heureux de pouvoir fournir à V. A. R. quelque lecture capable de l'amuser agréablement dans des moments de loisir dont elle sait faire un si bon usage. Il est rare de trouver des princes qui aient un goût aussi déclaré pour tout ce qui regarde les belles-lettres et les sciences. Outre le plaisir qu'elles vous causent, monseigneur (et en est-il un plus solide?), elles vous rendent avec usure une partie de l'honneur que vous leur faites, en vous attirant l'estime et l'admiration de tous ceux qui apprennent avec quelle ardeur et quel succès vous vous y appliquez. La naissance fait les princes, mais le mérite seul fait les grands princes. Celui de cultiver et de protéger les sciences et les savants n'en est pas un médiocre; et quand il se trouve joint aux autres grandes qualités, il ne contribue pas peu à en relever le prix et l'éclat, comme on le voit dans le second Scipion l'Africain. Vous ne me saurez pas mauvais gré, monseigneur, de vous comparer à cet illustre Romain, dans l'éloge duquel les historiens font entrer ce goût exquis pour les belles-lettres qui vous est commun avec lui, et qui vous distingue de presque tous les princes de notre temps. J'y trouve bien mon intérêt, puisque c'est ce goût exquis qui m'a procuré les témoignages d'estime, j'ai pensé dire : et d'amitié, que vous m'avez donnés d'une manière si touchante. J'en conserverai toute ma vie